jueves, 4 de enero de 2024

Lexique roman; Ba; Babau - Bazilica

B.

B, s. m., consonne, seconde lettre de l'alphabet, b.

E cant lo maystre ausi

Com declinet, e devesi

Perque fom a enans que b,

Ni perque b enans que c.

Trad. d'un Évangile apocryphe.

Et quand le maître ouït comment il déclina, et définit pourquoi A fut avant B, et pourquoi B avant C.

ANC. FR. Que ençois A devenra B.

Fabl. et cont. anc, t. I, p. 339.

2. Beph, s. m., mot hébreu, romanisé, b.

Mon effant, ar digas aleph,

Et en apres tu diras beph.

Trad. de l' Évangile de l'Enfance.

Mon enfant, maintenant dis A, et après tu diras B.


Babau, adj., lat. babulus, sot, niais, nigaud.

Qui s fay trop simple ni suau

Sembla foyl, e ditz l'om babau.

Deudes de Prades, Poëme sur les Vertus.

Qui se fait trop simple et paisible semble un fou, et on l'appelle nigaud.

CAT. ESP. Babieca. IT. Babaccio.


Baca, Baga, s. f., lat. bacca, baie, graine.

Cypres aybres es ramos qui, en loc de frug, leva bacas.

De sa fuelha et bagas si fa oli.

Eluc. de las propr., fol. 202 et 214.

Le cyprès est un arbre rameux qui, au lieu de fruit, porte des baies.

De sa feuille et de ses graines se fait huile.

Prendetz las bagas del laurel.

Deudes de Prades, Auz. cass.

Prenez les baies du laurier.

- Fig., crotin.

Bagas de cabra.

Deudes de Prades, Auz. cass.

Crotins de chèvre.

ANC. ESP. Baca. ESP. MOD. Baya. PORT. Baga. IT. Bacca.


Bacalar, Bachallier, s. m., lat. baccalaureus, bachelier.

Il s'est dit du jeune étudiant, du jeune militaire, et du jeune homme en âge d'être marié.

Aras t'er a responre, heretic bacalar.

Izarn: Diguas me tu.

Maintenant il te sera à répondre, hérétique bachelier.

Vos e mi 'n fesetz per totz lauzar,

Vos com senher, e mi com bacalar.

Rambaud de Vaqueiras: Honrat.

Vous en fîtes louer vous et moi par tous, vous comme seigneur, et moi comme bachelier.

Aytan can dura batalha,

Nos fay gran dan sirventalha;

Panan van man bacalar.

Leys d'amors, fol. 113.

Autant que dure la bataille, la valetaille nous fait grand dommage; maints bacheliers vont dérobant.

… Bachallier

Pres moyller.

V. de S. Honorat.

Un bachelier prit femme.

L'ancien français a employé ce mot dans les trois acceptions.

ANC. FR. Sont grant clers, bacheler, doctour,

Et maître ce dient à court.

Eustache Deschamps, Ms., fol. 526.

Johan Guarret, bachelier en leys.

Tit. 1428. Hist. de Nîmes, t. III, pr., p. 226.

Maint baceler, maint chevalier,

Bien armés con por iaus aidier.

Roman du Renart, t. IV, p. 163.

Jeunes compaignons, que on appelle bachelliers à marier.

Lett. de rém. 1478. Carpentier, t. 1, col. 411.

ANC. CAT. Batxeller. ESP. Bachiller. PORT. Bacharel. IT. Baccelliere.


Bacin, s. m., bassin, vase, coupe, plat à barbe.

Ce mot a été en usage dans la langue vulgaire, parlée dans les Gaules, avant le perfectionnement de la langue romane.

Cum duabus pateris ligneis quas vulgo bacchinon vocant.

Gregor. Turon., lib. IX. (Gregoire de Tours)

Voyez Mayans, t. II, p. 244; Muratori, Diss. 33; Denina, t. III, p. 8.

Bacins d'argent e copas d'aur. Roman de Jaufre, fol. 111.

Bassins d'argent et coupes d'or. 

(chap. bassins de plata, argén, y copes de or, d'or)

Barbier fon que porta bacin,

Perque vai penre mantenent

Son bacin e son garniment,

E mes el bacin l'aigua neta.

V. de S. Honorat.

Il fut barbier qui porte bassin, c'est pourquoi il va prendre maintenant son bassin et son assortiment, et il mit au bassin l'eau nette.

- Bassinet, armure de tête.

E trenca elmes e bacins. 

(ESP. baciyelmo de don Quijote, bacín - yelmo.)

V. de S. Honorat.

Et il fend heaumes et bassinets.

ANC. FR. Vous cracherez dans le bacin.

Contes d'Eutrapel, fol. 5.

Ne puet le cop tenir qu'il ne soit entrés

En la coiffe et li bacins faussés.

Roman de Kanor, Du Cange, t. I, col. 915.

CAT. Bací. ESP. Bacín. PORT. Bacio. IT. Bacino.

2. Bacinet, s. m., bassinet, armure de tête.

E tan gran colp lo va ferir

D'una destral sul basinet...

E det li tal sul bacinet,

Che entro el menton lo fendet.

Roman de Blandin de Cornouailles, etc.

Et un si grand coup de hache va le frapper sur le bassinet... et le lui donna tel sur le bassinet, qu'il le fendit jusqu'au menton.

CAT. Bacinet. ESP. Bacinejo. PORT. Bacinete. IT. Bacinetto.


Baclar, v., du lat. baculus, fermer.

Que la carrieyra fos barrada e baclada a las sors de Fargas.

Tit. de 1535. DOAT, t. CIV, fol. 325.

Que la rue fût barrée et fermée aux soeurs de Farges.

On fermait avec une barre ou avec un bâton qu'on plaçait derrière la porte; de cet usage sont venus les mots barrar, barrer, et baclar,

bâcler. (de baculus)


Bacon, s. m., bacon, morceau de porc salé, flèche de lard, salaison.

Voyez Leibnitz, p. 101.

Vianda an assatz, carn fresca e bacon.

Guillaume de Tudela.

Ils ont assez de nourriture, chair fraîche et bacon.

E li sobra blatz e vis e bacos.

Bertrand de Born: Belh m'es.

Et il lui reste blé et vin et porc salé.

ANC. FR. Et de bacons et de sel avoient poi.

Ville-Hardouin, p. 62.

Deux flèches de lard, lors appelez bacons, dont vient le mot baconer pour saler.

Fauchet, Lang. et Poésie française, liv. II. 

CAT. Baco (bacó). PORT. Bacoro. (English bacon. ESP. panceta, tocino. Chap. pancheta, cansalada, carn salada; IT. Pancetta.)

2. Bacut, adj., charnu, gras.

Gent son l'empeut e 'ls frugz bacutz.

Marcabrus: Al departir.

Belles sont les greffes et les fruits charnus.

3. Enbaconat, adj., coupé par quartiers.

E tug eran enbaconatz, coma qui los volgues salar.

Roman de la Prise de Jérusalem, fol. 20.

Et ils étaient tous coupés par quartiers, comme qui voulût les saler.


Bada, s. f., guette, sentinelle.

E 'l reis fes cridar mantenent

A la bada qu'es en la tor,

Que corn ades lo corn maior,

E la bada fes son coman.

Roman de Jaufre, fol. 110.

Et le roi fit aussitôt crier à la sentinelle qui est au haut de la tour, qu'elle sonne le plus grand cor, et la sentinelle fit son commandement.

Loc. L'autr'ier mi fetz far la bada

Tota nueg, entro qu'al dia.

Marcabrus: Estornel.

L'autre jour me fit faire sentinelle toute la nuit, jusqu'au jour.

Adv. comp. E dix: Abiatar, de bada

As esta verga estuiada.

Trad. d'un Évangile apocryphe.

Et dit: Abiatar, en vain tu as caché cette verge.

De badas se confessaria ni o descobriria, pueys que lo peccat no vol layssar. V. et Vert., fol. 71.

En vain il se confesserait et le découvrirait, puisqu'il ne veut abandonner le péché.

Que non en bada s'armaria.

P. Cardinal: Un sirventes.

Qu'il ne s'armerait pas en vain.

ANC. FR. Chis mos ne fu pas dis en bades.

Trad. de Caton. Carpentier, t. 1, col. 416.

ANC. CAT. En bada, debades. CAT. MOD. Endebades.


Badar, v., ouvrir, bâiller.

Badan, la boca recuelh ayre.

Eluc. de las propr., fol. 248.

Ouvrant, la bouche recueille l'air.

Cant er caudet, vos faitz badar

Lo bec de l'auzelh.

Deudes de Prades, Auz. cass.

Quand il sera chaud, vous faites ouvrir le bec de l'oiseau.

Aissi cum selh que bada al veirial.

P. Vidal: Si col paubres.

Ainsi que celui qui bâille au vitrage.

- Huer.

Haias honestz captenemens si no vols que t bado las gens.

Leys d'amors, fol. 138.

Aye des formes honnêtes si tu ne veux pas que les gens te huent.

- Languir.

Be 'l laus que m fassa pro badar,

Qu'ieu n'aurai so que m n'a promes.

Marcabrus: Cortezamens.

Bien je la loue qu'elle me fasse assez languir, vu que j'en aurai ce qu'elle m'en a promis.

Part. pas. En la gola badada.

Roman de Blandin de Cornouailles, etc.

En la gueule ouverte.

ANC. FR. Quant voit le serpent qui baaille,

Corant seus lui, geule baée.

Roman du comte de Poitiers, v. 729.

CAT. Badar. IT. Badare.

2. Badaillar, Badalholar, v., bâiller, soupirer.

Cant auzel trop soven badailla.

Deudes de Prades, Auz. cass.

Quand oiseau bâille très souvent.

Er ai fam d' amor, don badaill.

A. Daniel: Chanson d'un.

Maintenant j'ai faim d'amour, dont je bâille.

Ges del tot non badalhola

Marcabrus, per pro 'n saber.

Marcabrus: Quan la.

Marcabrus ne soupire point du tout pour en savoir beaucoup.

Substantiv. Conosc lo al badaillar.

Bertrand de Born: Quan vei.

Je le connais au bâiller.

ANC. FR. Mes renart, qui de fain baaille,

N'a cure de fere bataille.

Roman du Renart, t. I, p. 81.

J'enrage de soif et de faim,

Mes boyaux ronflent de colère;

Ils contrefont la gibecière

De mon maître, ils bâillent toujours.

Remi Belleau, t. II, fol. 124.

CAT. Badallar. IT. Sbadigliare. (ESP. Bostezar.)

3. Badeiar, v., niaiser, perdre son temps.

Si no s'en part, en fol atur badeia.

B. Zorgi: Atressi.

S'il ne s'en sépare, il perd son temps en folle tentative.

ANC. CAT. Badeyar.

4. Badalh, s. m., bâillement, soupir.

Can venra al derrier badaill.

Marcabrus: Emperaire.

Quand il viendra au dernier bâillement.

E son d'engan siei badalh.

Gavaudan le Vieux: Lo vers deg.

Et ses soupirs sont de tromperie.

ANC. FR. Maint baal fait et maint suspir.

Roman de Protheslaus, Ms. de la Bibl. roy.

CAT. Badall. (N. E. Badalh y badall son la misma palabra.)

5. Badatge, s. m., folle attente, musardise.

E soi m'en tart apercebutz

Que trop ai fach lonc badatge.

B. de Ventadour: Estat ai.

Et je m'en suis tard aperçu que j'ai fait trop longue attente.

L'ancien italien a employé le mot badaggio dans le sens d'attente amoureuse.

6. Badau, s. m., niaiserie, bêtise, ridicule.

Me tornon mon chant en badau.

Marcabrus: Lo vers comens.

Ils me tournent mon chant en ridicule.

Adjectiv. E vos tenh ben per badau.

T. de Bertrand et de Gausbert: Gausbert.

Et je vous tiens bien pour niais.

7. Baet, s. m., embarras, incertitude.

Altressi m'a amors en tal baet mes,

Don no m val res n'ill aus clamar merces.

Rambaud d'Orange: Aissi com cel.

Ainsi amour m'a mis en tel embarras, où rien ne me vaut et je n'ose lui crier merci.

8. Badahec, s. m., bâillon.

Lhi meiron I badahec en la boca.

Cat. dels apost. de Roma, fol. 128.

Lui mirent un bâillon en la bouche.

9. Badarel, s. m., badauderie, badaudage.

E gelos bada et musa

E fai badiu badarel.

Marcabrus: Cant l'aura.

Et le jaloux bâille et muse et fait niaise badauderie.

10. Badoc, adj., niais, sot, benêt, fou.

Al rei engles que hom ten per badoc,

Quar suefr' aunitz qu'om del sieu lo descoc.

Durand Tailleur de Paernes: En talent ai.

Au roi anglais qu'on tient pour benêt, parce qu'il souffre honni qu'on le chasse du sien.

- Fou, pièce de jeu des échecs.

Substantiv.

Mas En Sordel joguet adoncs ab lo badoc...

Per que fon del tot matz.

P. Bremon Ricas Novas: En la mar.

Mais le seigneur Sordel joua alors avec le fou... c'est pourquoi il fut entièrement mat.

ANC. CAT. Badoc.

11. Badiu, adj., sot, niais, badaud.

Quar de gent badiva

E de la senada

Conquer benvolensa.

G. Riquier: Voluntiers.

Car je conquiers la bienveillance de la gent sotte et de la sensée.

Subst. E 'ls savis e 'ls fols e 'ls badius

De la franca regio.

Raimond de Miraval: Entre dos.

Les sages et les fous et les sots de la région française.

12. Badaul, adj., niais, badaud, dupe.

Substantiv. Perdet tres cavals e un mul...

Qu'els perdet com badaul.

Guillaume de Berguedan: Mal o fe.

Il perdit trois chevaux et un mulet... qu'il les perdit comme un niais.

13. Baduel, adj., niais, indécis.

N'ay triat, ses dig baduel,

La gensor e la pus bona.

P. Raimond de Toulouse: Pos lo prims.

J'en ai choisi, sans parole niaise, la plus belle et la meilleure.

14. Badaluc, adj., musard, niais.

… El segles es badalucx,

Don mal aven e destorbier.

Marcabrus: Al departir.

Le siècle est musard, d'où advient mal et trouble.

IT. Badaluceatore.

15. Esbadar, v., bâiller, s'ouvrir.

Apres s'esbadara mout fort.

Quatrains moraux en provençal.

Après s'ouvrira très fort.


Bafa, s. f., bourde, moquerie.

… Aquestas paraulas,

Que no son ges bafa ni faulas.

Trad. de l' Évangile de Nicodème.

Ces paroles, qui ne sont point moquerie ni fables.

Il est vraisemblable que de bafa est venu le mot français bafouer.

ANC. FR. Ils ne servirent pas de beffe.

Roman du Renart, t. II, p. 18.

ANC. ESP. (MOD. Befa, burla)

La bafa, dixó Dario, en vero es tornado.

Poema de Alexandro, cop. 777.

CAT. ESP. MOD. Befa. IT. Beffa.


Bafomet, s. m., nom propre, Mahomet. (ESP. Mahoma)

E Dieus er honratz et servitz

On Bafometz era grazitz.

Gavaudan le Vieux: Senhors per.

Et Dieu sera honoré et servi où Mahomet était honoré.

2. Bafomairia, Baffumaria, s. f., mosquée, temple de Mahomet.

Raimundus de Agiles dit des Mahométans: “In ecclesiis autem magnis bafumarias faciebant... Habebant et monticulum... ubi duae erant bafumariae.”

Enans fara bafomairia

Del moster de Sancta Maria.

Le chevalier du Temple: Ira e dolor.

Il fera auparavant mosquée du couvent de Sainte-Marie.

On a dit bafomeria, pays des Mahométans, comme on a dit chrétienté.

Lo rei de payania

Ostz fes miravillosas, grantz,

Am sa baffumaria.

V. de S. Honorat.

Le roi de païennie fit des armées merveilleuses, grandes, avec son mahométisme.


Bagua, s. f., bagage, équipage.

Dans la langue anglo-saxonne, bage signifie sac. 

(N. E. English bag, Deutsch Sack)

Voyez Denina, t. III, p. 9.

Vidas e baguas salvas.

Chronique des Albigeois, col. 37.

Vies et bagages saufs.

ANC. FR. Des haubers, heaulmes et bons écus...

Et plusieurs aultres bagues nobles et riches.

Roman français de Fierabras.

Il eut perdu toute son artillerie, sa vaisselle et toutes ses bagues, etc.

Chronique scandaleuse, p. 251.

2. Bagatge, s. m., bagage, équipage.

Carretas et autres bagatges.

Chronique des Albigeois, col. 45.

Charrettes et autres bagages.

ANC. FR.

Après nous vient nostre bagage et harnois.

Roman français de Fierabras.

CAT. Bagatge. ESP. Bagage (bagaje). PORT. Bagagem. IT. Bagaglio.


Baguassa, s. f., prostituée, catin.

Vilis persona, ut sunt publicae meretrices vel bagaseae.

Titre de 1208. Du Cange, t. 1, col. 926.

Alcunas publicas bagassas.

Statuts de Montpellier du XIIe sièc.

Quelques prostituées publiques.

Adjectiv. Ta moler es falsa, baguassa e delial.

Philomena.

Ta femme est fausse, prostituée et déloyale.

ANC. FR. Lors s'est la bagasse parée

E de ses dras bien acesmée.

Fabl. et cont. anc., t. III, p. 59.

Tant qu'elle estimeroit que l'on voulût donner l'honneur dont elle se verroit privée, à cette bagasse de Gabrielle.

Mémoires de Sully, t. 1, p. 536.

CAT. Bagassa. ANC. ESP. Bagasa (prostituta, puta). IT. Bagascia.

2. Bagassier, adj., libertin, débauché.

L'autr' es molheratz bagassiers.

Folquet de Lunel: El nom del.

L'autre est un mari libertin.

CAT. Bagasser. (ESP. Libertino, putero.)

3. Embaguassar, v., livrer aux prostituées.

Part. pas. Quar el ges enamoratz

Non es, mas embaguassatz.

Raimond de Tors de Marseille: Bel erguelhos.

Car il n'est point amouraché, mais livré aux prostituées.

ANC. CAT. Embagassir.


Bai, Bay, adj., bai.

Faitz m'aduir' un bel caval bay.

T. de Richard et de Gui: Cabrit.

Fais-moi amener un beau cheval bai.

Loc. Bay e bru e blanc e ros.

P. Cardinal: De sirventes.

Bai et brun et blanc et rouge.

ANC. FR.

Orent Berte montée sur un palefroi bai. 

Roman de Berte, p. 12.

ESP. PORT. Bayo. IT. Baio.

2. Baiart, s. m., cheval bai.

Venrai armat sobr' el baiart.

Bertrand de Born: Un sirventes.

Je viendrai armé sur le cheval bai.


Baian, adj., trompeur, menteur.

Peger es que gualiana

Amors que guespilla

Cruzels, cozens e baiana.

Marcabrus: Belh m'es quan.

Est pire que tromperie amour cruel, cuisant et trompeur qui taquine.


Bailar, v., livrer, donner.

Mas aquel es honratz ses failla

Que promet lor deniers e 'ls bailla.

Un troubadour anonyme: Senior vos que.

Mais celui-là est certainement honoré qui leur promet deniers et les livre.

Baylon lurs deniers als mercadiers, e son parsoniers el gazanh e non en la perda. V. et Vert., fol. 14.

Ils livrent leurs deniers aux marchands, et sont associés au profit et non pas dans la perte.

ANC. FR. Puis li a quinze solz bailliet.

Roman du Chastelain de Couci, v. 3132.

Vez ci la règle qu'il en baille. Roman de la Rose, v. 8343.

On parle de l'enfer et des maux éternels baillez pour châtimens à ces grands criminels. Malherbe, liv. V.

2. Balhansa, s. f., don, action de livrer, concession.

Aquesta balhansa et infeudacion.

Tit. de 1402 de Bordeaux. Bibl. Monteil.

Cette concession et inféodation.

ANC. FR. Par la baillance de ces presentes lettres.

Tit. de 1288. Carpentier, t. 1, col. 424.

3. Rebailar, v., redonner, rendre.

Lhi dig cossol seran tengut bailar las claus, mas tantost als cossols seran rebailadas. Tit. du XIIIe sièc. DOAT, t. CXVIII, fol. 36.

Les dits consuls seront tenus de livrer les clés, mais aussitôt elles seront rendues aux consuls.

ANC. FR. Rebailler aux muets la parole perdue.

Malherbe, liv. I.


Baile, Bailon, Bailidor, Bailieus, s. m., lat. bajulus, bailli, gouverneur, intendant.

E 'l vescoms lo fetz baile de tuta la sua terra.

V. de Pierre Pelissier.

Le vicomte le fit bailli de toute sa terre.

Bailles et maestre de la maio del Temple.

Tit. de 1175. DOAT, t. CXXIV, fol. 288.

Bailli et maître de la maison du Temple.

E aussi cuocx e bivers e bailos.

P. Cardinal: Un sirventes.

Et il occit cuisiniers et sommeliers et intendants.

Clamar m'en deu com de mals bailidors.

G. Faidit: Tant ai.

Je m'en dois plaindre comme de mauvais gouverneurs.

Fig. La servela es castels e bailieus que tot o a en garda.

Liv. de Sydrac, fol. 34.

La cervelle est le château et le gouverneur qui a tout cela en garde.

ANC. FR. Henris le balz de l'empire.

Ville-Hardouin, p. 161.

ANC. CAT. Baile. ESP. Bayle. PORT. Bailio. IT. Bailo.

2. Sobrebaile, s. m., bailli supérieur.

Sobrebaile en Albeges.

Tit. de 1275. Arch. du Roy., J, 323.

Bailli supérieur dans l'Albigeois.

3. Sotz-baile, s. m., sous-bailli.

Bailes, sotz-bailes, jutges et viguiers.

Statuts de Montpellier de 1204.

Baillis, sous-baillis, juges et viguiers.

4. Baylla, s. f., gouvernante, nourrice.

Bayllas fes mantenen venir

Que deguesson l'enfan noirir.

V. de S. Honorat.

Il fit sur-le-champ venir des nourrices qui dussent nourrir l'enfant.

Fig. Lauzengiers son las baylas del diable, que li alachon sos efans.

V. et Vert., fol. 28.

Les flatteurs sont les nourrices du diable, qui lui allaitent ses enfants.

ANC. FR. Et quant fu nés, sachiés sans falle,

Encor n'i avoit eu balle.

Mirac. de N.-D. Carpentier, t. 1, col. 421.

IT. Balia.

5. Baillessa, s. f., gouvernante, intendante.

La baillessa d'Amor a presa

Honor, dejost' Amor l'a mesa.

Un troubadour anonyme: Senior vos que. 

L'intendante d'Amour a pris Honneur, elle l'a mis auprès d'Amour.

6. Baileyar, v., gouverner.

Si ab enjan baileyas,

Ab erguelh et ab enveyas.

P. Cardinal: Jhesum-Crist.

Si tu gouvernes avec tromperie, avec orgueil et avec envie.

7. Baillir, v., gouverner, traiter.

Mas ab los sieus, qui los sap gen baillir,

Pot hom lo sieu gardar, e conquerir.

B. Arnaud de Montcuc: Anc mais.

Mais avec les siens, qui les sait bien gouverner, on peut garder le sien, et conquérir.

Part. pas. Joven es mal bailitz.

P. Vidal: Dieus.

La gaîté est maltraitée.

ANC. FR. Crestienté ont malement bailli.

Roman de Garin le Loherain, p. 1.

Ge cuit que cuer vous est faillis,

Mès vous en serés malbaillis.

Roman de la Rose, v. 3737.

ANC. CAT. Baillir.

8. Bailia, s. f., puissance, gouvernement, administration.

Conquis lo mon e l'ac en sa bailia.

Perdigon: Aissi cum selh.

Il conquit le monde et l'eut en sa puissance.

En cui BAILIA me laisset mos paire.

Tit. de 1231. DOAT, t. CXIV, fol. 168.

Sous la puissance de qui mon père me laissa.

Que aia bailia de las soas causas.

Trad. du Code de Justinien, fol. 4.

Qu'il ait l'administration de ses choses.

E giet de sa bailia totz los Juzieus.

Guillaume de Tudela.

Et chasse de son gouvernement tous les Juifs.

Fig. Per qu'ieu me suy mes en vostra bailia.

Pons de la Garde: D'un sirventes.

C'est pourquoi je me suis mis en votre puissance.

ANC. FR. Jetés estes de le baillie

La bele fée vostre amie.

Partonopeus, t. I, p. 138.

Touz li miens cuers remaint en sa baillie.

Le Châtelain de Couci, chans. 22.

Li tens, qui toute a la baillie

Des gens viellir, l'avoit viellie.

Roman de la Rose, v. 387.

CAT. Baillia. ESP. Baylia (bailía).

- Bailliage.

En los caps de vigarias et baylias.

Reg. des États de Provence de 1401.

Dans les chefs de vigueries et bailliages.

9. Bailliment, s. m., gouvernement.

Senes tota administration ni bailliment de persona.

Tit. de 1310. DOAT, t. CLXXIX, fol. 188.

Sans aucune administration ni gouvernement de personne.

10. Biele, s. f., bailliage, gouvernement.

Nul hom d'esta biele.

For de Morlac de 1088.

Nul homme de ce bailliage.

11. Bailiatge, d. m., bailliage, administration.

Lo qual bailes aia e prenga per son trebalh e per son bailiatge tota la doczena part, etc. Cout. de Fumel. DOAT, t. VIII, fol. 132.

Lequel bailli ait et prenne pour son travail et pour son administration toute la douzième partie, etc.

- Circonscription administrative.

Per los cossols et communa et baillatge.

Tit. de 1373. DOAT, t. CXXV, fol. 83.

Par les consuls et commune et bailliage.

ANC. FR. Bailliage ne doit nul avoir, si le fié ne li peut escheir... Celui emporte le bailliage devant tous, etc.

Ass. de Jérusalem. Du Cange, t. I, col. 934.

ESP. Bailiage (bailiaje).


Bais, s. m., lat. basium, baiser.

Le grammairien Donat a dit: Tria sunt osculandi genera, osculum scilicet, basium et suavium: oscula, officiorum sunt; basia, pudicorum affectuum; suavia, libidinum vel amorum. DONAT, in Eun. Terent.

On lit dans Papias: Basia conjugibus, sed et osculadantur amicis;

Suavia lascivia miscentur grata labellis.

Sinner, Cat. des Ms. de Berne, t. I, p. 394.

Si 'l bais emblatz

Mi fos datz

O neys autreyatz.

P. Vidal: Tant me platz.

Si le baiser volé me fût donné ou seulement concédé.

Que m don un bais en guizardon.

Arnaud de Marueil: Lo gens temps.

Qu'elle me donne un baiser en récompense.

CAT. Bes. ESP. Beso. PORT. Beijo. IT. Bacio.

2. Baisat, s. m., baiser.

Quar autre baisatz

No m'es delietz ni sabor.

Alphonse II, Roi D'Aragon: Per mantas.

Car autre baiser ne m'est délice ni saveur.

3. Baizament, s. m., baiser, baisement.

Homenatge, mans junchas e dat baizamens.

Cartulaire de Montpellier, fol. 57.

Hommage, mains jointes et baiser donné.

ANC. CAT. Besament. IT. Baciamento. (ESP. Besamiento)

4. Baisada, s .f., baiser.

Lengua entrebescada (: entremesclada)

Es en la baisada.

B. Martin: Bel m'es.

La langue est entremêlée dans le baiser.

5. Baysaire, s. m., lat. basiatorem, baiseur.

E seria jauzious e baysaire.

De la gensor que hom puesca vezer.

Arnaud de Marueil: En mon cor.

Et je serais jouissant et baiseur de la plus belle qu'on puisse voir.

ANC. FR.

Mais les baiseurs de bois qui lechent la peinture

Des cailloux safranés de force pourriture,

Périront à bon droit.

H. Estienne, Apol. pour Herod., t. I, p. 22.

ESP. Besador. PORT. Beijador. IT. Baciatore.

6. Baisar, v., baiser, embrasser.

El vas en que Dieus jac baisar.

Deudes de Prades: Si per amar.

Baiser le tombeau où Dieu reposa.

Quan li baisiei dousamen

Son bel col blanc, covinen.

G. Faidit: Gen fora.

Quand je lui baisai doucement son beau cou blanc, avenant.

Il se disait aussi de l'action de baiser lors de la prestation de l'hommage.

S'eu fos seigner, ja no m feir' homenatge

Adrechamen, car sai qu'el no 'l tenria;

Ni m baisera mais de boch' el visatge,

Car autra vetz la m baiset a Pavia,

Pois en baiset lo papa eissamen.

Lanfranc Cigala: Estiers mon grat.

Si j'étais seigneur, jamais il ne me ferait hommage sincèrement, car je sais qu'il ne le tiendrait pas; ni il ne me baiserait plus sur la bouche au visage, car une autre fois il me la baisa à Pavie, puis il en baisa également le pape.

Loc. Merce, mi dons, a cui baisiei las mas.

Pons de la Garde: Farai chanso.

Merci, ma dame, à qui je baisai les mains.

Prov. Qui dereir' autrui

Cavalgua, non baisa qui vol.

Amanieu des Escas: Dona per cui.

Qui chevauche derrière autrui, ne baise qui veut.

Substantiv. Mas ab un dous baizar m'aucis.

B. de Ventadour: Ab joi mou.

Mais elle me tue avec un doux baiser.

ANC. FR. Elas! il a no huis baisiet.

Roman du Chastelain (Châtelain, castlá, castlan, castellán, castellano, catalán) de Couci, v. 2654. 

CAT. Besar. ESP. Bezar. PORT. Beijar. IT. Baciare.

7. Rebayzar, v., rebaiser, baiser de nouveau.

Las sanctas reliquias...

… Li ten, e las rebaysa.

Roman de Fierabras, v. 4352.

Lui tient les saintes reliques, et il les rebaise.

IT. Ribaciare. (ESP. Rebesar, besuquear)


Bala, s. f., anc. allem. Ballen, balle, ballot, paquet.

Voyez Muratori, Diss., 33; Boxhorn, p. 9.

Treis balas d'acier.

Char. Du péage de Valence. Hist. de Val., p. 299.

Trois balles d'acier.

De cada bala de draps.

Tit. de 1248. DOAT, t. CXVI, fol. 16.

De chaque balle de drap.

CAT. ESP. PORT. Bala. IT. Balla.

Balach, Balays, s. m., balais, diamant.

Voyez Leibnitz, p. 102.

Balach ha color de carbuncle.

Eluc. de las propr., fol. 185.

Balais a couleur d'escarboucle.

Cum a mais de valor

D'un veir' un ric balays.

G. Faidit: Ges no m tuelh.

Comme un riche balais a plus de valeur qu'un verre.

ANC. FR. Belle espée garnie de pierres, de dyamans, rubis et balays.

Monstrelet, t. III, p. 22.

ANC. CAT. Balay. ESP. PORT. Balax.


Balansa, s. f., lat. bilanx, balance.

Unas balansas e lor pes per pezar las carns.

Tit. de 1422. DOAT, t. LXXIII, fol. 145.

Unes balances et leurs poids pour peser les chairs.

Ans tenc drech la balansa

De liautat.

B. Carbonel: Per espassar.

Mais il tint droit la balance de loyauté.

- Balancier.

Una corda prima per la balansa del reloge.

Tit. de 1428. Hist. de Nîmes, t. III, pr., p. 229.

Une corde fine pour le balancier de l'horloge.

- Fig., agitation, doute, perplexité.

Lo jorn qu'en aital balansa

Volgui mon fin cor assire.

G. Faidit: Coras que.

Le jour où je voulus placer mon fidèle coeur en telle perplexité.

- Balance, signe du zodiaque. (ESP. Libra)

Et intra senes duptansa

Lo solelh en la balansa

En lo dezesete dia

De setembre tota via.

Brev. d'amor, fol. 30.

Le soleil entre toujours sans faute dans la balance au dix-septième jour de septembre.

CAT. Balansa. ESP. Balanza. PORT. Balança, IT. Bilancia.

2. Balans, s. m., perplexité, incertitude, inquiétude.

E m ten en aquest balans.

Marcabrus: Contra.

Et me tient dans cette perplexité.

CAT. Balans. (ESP. Balanceo)

3. Balansar, v., peser, balancer.

Cel que fai pan per revendre

No 'l sap tan prim balanzar.

Giraud de Borneil: Honraz es hom.

Celui qui fait du pain pour revendre ne le sait si finement peser.

E regarda be

Ta vida, e balansa

On vai ni don ve.

P. Cardinal: Non cre que.

Et regarde bien ta vie, et pèse où elle va et d'où elle vient.

Qu'en la onda

Que m fai balansar

Ins en la mar preonda.

Un troubadour anonyme: Flors de paradis.

Qu'en l'onde qui me fait balancer dans la mer profonde.

Sabetz per que no m vir ni no m balans

De vos amar, ma bella douss' amia.

Berenger de Palasol: Tan m'abelis.

Vous savez pourquoi je ne me détourne ni balance de vous aimer, ma belle douce amie.

Part. pas. Las paraulas del sabi balansadas en balansa.

Trad. de Bède, fol. 43.

Les paroles du sage pesées en balance.

ANC. CAT. Balanceyar. ANC. ESP. Balanzar. PORT. Balancear. IT. Bilanciare.

4. Desbalansar, v., renverser, ébranler, trébucher.

Quan veillesa lo rom ni desbalansa.

H. de S.-Cyr: Antan fes.

Quand la vieillesse le casse et l'ébranle.

Can cuia montar, desbalansa.

Libre de Senequa.

Quand il croit monter, il trébuche.


Balaustra, Balaustia, s. f., du lat. balaustrum, balustium, balauste,

grenadier sauvage.

Es assemblada a roza de balaustra.

Trad. d'Albucasis, fol. 18.

Elle ressemble à rose de balauste.

D'escorsa de milgrana et de balaustia.

Eluc. de las propr., fol. 85.

D'écorce de grenadier et de balauste.

ESP. Balaustia. (granado silvestre) IT. Balaustra. (Chap. Mangrané bort)


Balay, s. m., verge, balai.

Si'l coms es d'avol balay soffrens.

Boniface de Castellane: Sitot m'es fort.

Si le comte est souffrant de méchante verge.

- Balle, capsule qui enveloppe le grain.

Que part lo gran e 'l balay.

Marcabrus: L'iverns vai.

Qui sépare le grain et la balle.

ANC. FR. Mesloient laditte avaine avec paille, appelée balais, pour donner aux chevaus. Lett. de rém., 1379. Carpentier, t. 1, col. 436.

2. Balaiar, v., balancer, s'agiter.

Pos que l' espig' es issida,

Balaya lonc temps lo gras.

B. de Ventadour: Lo temps.

Depuis que l'épi est sorti, le grain balance long-temps.

- Frapper.

Proverbe. Om cuoil mantas ves los balays

Ab que mezeis se balaya.

La comtesse de Die: Ab joi.

On cueille maintes fois les verges avec lesquelles on se frappe soi-même.

ANC. FR. Porte l'enseigne

Qui baloie contre le vent.

Roman du Renart, t. III, p. 239.

Lors aux penons qu'on véoit balloyer.

Déposition de Richard II.


Balbt, adj., lat. balbus, bègue.

L'aur' amara...

E 'ls lecx

Becx

Dels auzels ramencx

Te balbtz e mutz.

A. Daniel: L'aur' amara.

Le vent âpre... et tient bègues et muets les friands becs des oiseaux branchiers.

Am Lois lo balb.

Cat. dels apost. de Roma, fol. 120.

Avec Louis le bègue.

ANC. FR. A Looys le fil Challe le Chauf, qui Loys li baubes fu apelez.

Rec. des Hist. de Fr., t. VIII, p. 326.

PORT. IT. Balbo.

2. Balbucient, adj. v., lat. balbutientem, balbutiant.

Cum vezem els ybres qui so balbuciens.

Eluc. de las propr., fol. 44.

Comme nous voyons aux ivres qui sont balbutiants.

CAT. Balbucient. ESP. PORT. Balbuciente. IT. Balbettante.


Balc, adj., humide.

Una terra trop balca, arenosa, ichi del fondament perfon e se levet en aut.

Cat. dels apost. de Roma, fol. 99.

Une terre très humide, sablonneuse, sortit du fondement profond et se leva en haut.


Balcon, s. m., goth. Balck, balcon. (all. Balke, Balkon)

Voyez Mayans, t. II, p. 224; Denina, t. III, p. 10; Pougens, p. 132.

La dona ac paor, e fugi al balcon, e se laisset cazer jos, e fo morta.

V. de Guillaume de Cabestaing.

La dame eut peur, et fuit au balcon, et se laissa cheoir en bas, et elle fut morte.

CAT. Balcó. ESP. Balcón. PORT. Balcão. IT. Balcone.

goth. Balck, balcon. (all. Balke, Balkon)

Balena, s. f,. lat. balena, baleine.

Balena porta mais d'amor

Que negus peisos que sia

A sos cadels. (Chap. cadell, cadells: cría, críes de gos o datres mamíferos com la ballena. ESP. literal: “La ballena trae más amor a sus crías, ballenatos, que ningún pez que sea.)

Brev. d'amor, fol. 52.

La baleine porte plus d'amour à ses petits que nul poisson qui soit.

E Jonas del ventre de la balena. Liv. de Sydrac, fol. 118.

Et Jonas du ventre de la baleine.

CAT. Balena. ESP. Ballena. PORT. Balea. IT. Balena.

2. Balenat, s. m., baleineau, petit de la baleine.

Meravelhosament aima balenatz, e 'ls mena ayzeian per mar... 

Balenatz fuio ves sa coa.

Eluc. de las propr., fol. 156.

Elle aime merveilleusement ses baleineaux, et les mène en errant par mer... Les baleineaux fuient vers sa queue.

ESP. Balenato (ballenato). PORT. Baleato. IT. Balenetto.


Balesta, s. f., lat. balista, baliste, arbalète.

A presa una balesta, et ung cop a trach al dit conte.

Chronique des Albigeois, col. 90.

Il a pris une baliste, et a tiré un coup audit comte.

Bona balesta ab bon croc.

Tit. de 1302. DOAT, t. XLIX, fol. 311.

Bonne arbalète avec bon croc.

CAT. ESP. Ballesta. PORT. Besta. IT. Balestra.

2. Balestier, s. m., arbalétrier.

Menet ab si X M cavayers e M balestriers.

Philomena.

Il mena avec lui dix mille cavaliers et mille arbalétriers.

Us braus balestiers enicx

Que traisses als enemicx.

H. de S.-Cyr: Messonget.

Un cruel arbalétrier méchant qui tirât aux ennemis.

CAT. Ballester. ESP. Ballestero. PORT. Besteiro. IT. Balestrajo.

3. Balestrada, Balestada, s. f., portée d'arbalète.

Luein d'aqui una balestrada.

Roman de Jaufre, fol. 113.

Une portée d'arbalète loin de là.

Pus d'una balestada an payas reculatz.

Roman de Fierabras, v. 434.

Les païens ont reculé plus d'une portée d'arbalète.

ESP. Ballestada (tiro de ballesta). IT. Balestrata.

4. Arbalesta, Albaresta, s. f., arbalète.

Car Dieus lo reis sap s'arbalesta tendre.

G. Faidit: Cascus hom.

Car Dieu le roi sait tendre son arbalète.

Albarestas et arcs eysserrar e destendre.

V. de S. Honorat.

Desserrer et détendre arbalètes et arcs.

Trazon ab arbalestas los cairels empenats.

(N. E. pena : pluma; empenats: con pluma.)

Guillaume de Tudela.

Ils tirent avec les arbalètes les flèches empennées.

5. Arbalestada, s. f., portée d'arbalète.

Luin una gran arbalestada.

Roman de Jaufre, fol. 100, var. du n° 7988.

Loin une grande portée d'arbalète.

ANC. FR. L'ost au roi Challes tant s'aproche

Qu'il n'a pas une arbalestée

Jusques ceux qui les contratendent.

G. Guiart, an 1264. Carpentier, t. 1, col. 272.

6. Arcbalestrier, s. m., arbalétrier.

E sabran arcbalestrier

Qu'es la patz en la contrada.

Bertrand de Born: Rassa m'es.

Et les arbalétriers sauront que la paix est dans la contrée.

Ballar, v., danser, sauter.

Si quis balationes ante ecclesias sanctorum fecerit.

Conc. Bracar. De 572 (N. E. Segundo concilio de Braga). Aldrete, p. 272.  Voyez Mayans, t. II, p. 244; Denina, t. III, p. 10.

El vi lo vedel que li cantavan e li balavan.

Hist. abr. de la Bible, fol. 33.

Il vit le veau devant lequel ils chantaient et dansaient.

(ESP. Él vio el becerro – de oro - al cual le cantaban y bailaban.)

Al son de flaviol

Balar.

T. de B. Gaucelm et de J. de Miralhas: Joan.

Danser au son du flageolet.

(Chap. Ballá o dansá al so del fabriol.)

ANC. FR. Sire, empres le chanter

Déussiez bien baler.

Ysopet, II, fab. 28. (N. E. Libro francés sobre fábulas, ej. de Esopo)

- Élancer.

Aquels aussels...

Los fes trastotz del fanc volar,

Et pueis los fes en haut balar.

Trad. de l'Évangile de l'Enfance.

Ces oiseaux... il les fit tous voler de la fange, et puis les fit s'élancer en haut.

CAT. ANC. ESP. Ballar. (ESP. MOD. Bailar.) PORT. Bailar. IT. Ballare.

2. Bal, s. m., bal, danse.

M en trobet a trechas... gran bal.

Roman de Gerard de Rossillon, fol. 92. 

Il en trouva mille aux danses... grand bal.

- Sorte de poésie.

Bals es divers de dansa... Bals a X coplas o mays.

Leys d'amors, fol. 41.

Le bal est différent de la danse... Le bal a dix couplets ou plus.

CAT. Ball. ESP. Bayle (baile). PORT. Baile. IT. Ballo.

3. Ballada, s. f., ballade.

Dona N' Auda, balladas ni chansons

No vuelh faire que no y parle de vos.

Pons de Capdueil: Per joi d'amor.

Dame Aude, je ne veux faire ballades ni chansons que je n'y parle de vous.

CAT. Ballada. ANC. ESP. Balada, balata. IT. Ballata.

4. Baladeta, s. f., petite ballade.

Va, baladeta, tost de cors ten via,

E saluda me ma douss' amia.

Un troubadour anonyme: Lo fin cor.

Va, petite ballade, tiens ton chemin vite en courant, et salue-moi ma douce amie.

IT. Ballatetta.

5. Balaresc, s. m., ballade.

Ni sirventesc,

Ni balaresc,

Non t'aug dir nuilla fazon.

Giraud de Cabrieras: Cabra joglar.

Je ne t'entends dire en nulle façon, ni sirvente, ni ballade.

6. Entrebalhar, v., bondir autour, sauter autour.

Son semblans a jove lebrier que vol corre apres totas las bestias que ve, e neguna non pren, e laissa se tot entrebalhar, e res no profiecha.

V. et Vert., fol. 61.

Ils sont semblables au jeune lévrier qui veut courir après toutes les bêtes qu'il voit, et n'en prend aucune, et se laisse tout bondir autour, et il ne profite rien.


Balloar, s. m., boulevard.

Grands balloars per se defendre.

Chronique des Albigeois, col. 86.

De grands boulevards pour se défendre.

ANC. FR. Flanquée de bons boulevars de pierre.

Joyeusetez, Facéties, etc., p. 31.

CAT. Baluart. ESP. PORT. Baluarte. IT. Baluardo.


Balma, s. f., grotte, caverne.

Sabran ben las estradas e'l camis traversiers,

Los cluzels e las balmas.

Izarn: Diguas me tu.

Ils sauront bien les estrades et les chemins de traverse, les creux et les grottes.

Fig. La taverna es balma de layros.

V. et Vert., fol. 22.

La taverne est caverne de voleurs.

ANC. FR. Après s'en ala en Bethléem, et en la balme dou Sauveour entra.

(Chap. Después sen va aná a Belén, y a la balma del Salvadó va entrá. Yo les que conec són: la Balma de Zurita, Castelló, la cova de la dona, a Asturies, Covadonga, y la Balma de Peñarroija.)

V. des Saints. Carpentier, t. 1, col. 438.

CAT. Balma.

- Réservoir d'eau.

De la vostra balma de que adagatz los vostres orts.

Tit. de 1276. DOAT, t. CVI, fol. 253.

De votre réservoir duquel vous arrosez vos jardins.

2. Balmeta, s. f., petite grotte.

Aras viron una balmeta

Pres del sentier.

Trad. d'un Évangile apocryphe.

Soudain ils virent une petite grotte près du sentier.


Balme, Basme, s. m., lat. balsamum, baume.

Metez de pur balme un pauc.

Deudes de Prades, Auz. cass.

Mettez un peu de baume pur.

On appelle du même nom l'arbre et la liqueur qu'il fournit.

Basme es aybre no plus naut de dos coydatz... 

Basme, las partidas del qual totas so redolens.

Eluc. de las propr., fol. 201 et 196.

Baume est arbre non plus haut que deux coudées...

Baume, les parties duquel sont toutes odoriférantes.

Un basme don ton Dieu fo uncatz...

Ar vay, si beu del basme, fay ne tas volontatz,

E seras de tas plaguas mantenen totz sanatz.

Roman de Fierabras, v. 955 et 958.

Un baume dont ton Dieu fut oint... Maintenant, va, et bois du baume, fais-en tes volontés, et tu seras sur-le-champ tout guéri de tes plaies.

ANC. FR. Qui olent plus soef que basme.

Roman de la Rose, v. 10610.

CAT. Balsam (bàlsam). ESP. (Bálsamo) PORT. IT. Balsamo.

2. Enbasmar, Embaymar, v., oindre, embaumer.

D'aquest oli son onchat et enbasmatz aquels que Dieus fay reys.

V. et Vert., fol. 35.

Ceux que Dieu fait rois sont oints et embaumés de cette huile.

E li fazien tug los ricz embaymar.

V. de S. Trophime.

Et y faisaient embaumer tous les riches.

ANC. FR. Qui sans basme s' enbasme.

Cretin, p. 218.

De femmes une troupe

Portoient du baume cher

Et une boete ou coupe

Pour embasmer sa chair.

La Boderie, Hymnes eccl.

CAT. ESP. PORT. Embalsamar. IT. Imbalsamare.


Baltemo, s. m., lat. balteum, baudrier.

De Anastazi l'emperador... tunica e baltemo.

Cat. dels apost. de Roma, fol. 65.

D'Anastase l'empereur... tunique et baudrier.


Baluc, adj., stupide, malade.

E pus lo caps es balucs,

Dolens son li membre estremier.

Marcabrus: Al departir.

Et lorsque le chef est malade, les membres extrêmes sont souffrants.

IT. Balosco.

2. Esbalauzir, v., abasourdir, ébahir.

Part. pas. Ni sap on s'an ni on se sia,

Ans es totz esbalauzit.

Roman de Jaufre, fol. 46.

Il ne sait où il aille ni où il soit, mais il est tout abasourdi.

Qui es esbalauzitz en sos oils, pessa mal.

Trad. de Bède, fol. 34.

Qui est ébahi dans ses yeux, pense mal.

ANC. CAT. Esbalair.


Ban, s. m., lat. bannum, ban, convocation, ordonnance, autorité.

E meton bans e malas costumas per ocayzon d'aver emendas.

V. et Vert., fol. 15.

Et ils mettent bans et mauvaises coutumes pour occasion d'avoir des amendes.

Mas des que siguem tuit un ban.

Giraud de Borneil: A l'honor de.

Mais puisque nous suivons tous une même ordonnance.

Loc. Yeu m pens de cortesia tan

Que res non es, ni eu no sai

On ja la truep, pus non es lai

On tug m'autreiavon lo ban.

G. de S.-Didier : Companhon ab joy.

Je pense tellement de courtoisie qu'elle n'est rien, et je ne sais où je la trouve jamais, puisqu'elle n'est pas là où tous m'accordaient l'autorité.

CAT. Ban. ESP. PORT. IT. Bando.

2. Bandier, Bannier, s. m., sergent, bannier.

E l'autr' es corrieus o bandiers

Que tot l'an en mal despensa

Per gatjar pastors o boyers.

Folquet de Lunel: El nom del.

Et l'autre est coureur ou sergent qui dépense toute l'année en mal pour gager pâtres (N. E. bergers) ou bouviers.

Que aia forestiers et baniers qu'els gardo.

Tit. de 1254. DOAT, t. CXV, fol. 97.

Qu'il ait gardes champêtres et banniers qui les gardent.

ANC. FR. Bandiers jurés ou messiers jurés de la ville de Narbonne... Survint un messier ou bandier qui gaga le suppliant d'une brebis.

Lett. de rém., 1404. Carpentier, t. 1, col. 446.

ANC. CAT. Banderer. IT. Banditore. (ESP. Pregonero, que pregona los bandos. Chap. Pregoné, qui pregone los pregons, bandos.)

3. Bandir, v., lat. bannire, proclamer.

Quan l'ac facha, dis aitans:

Vuelh que la serf e la banda

Totz temps.

G. Adhemar: Quan la.

Quand il l'eut faite, il dit telles choses: Je veux qu'il la serve et la proclame en tout temps.

- Déployer, agiter.

E tanta bela ensenha e tant peno bandir.

Guillaume de Tudela.

Et déployer tant de belles enseignes et tant de guidons.

Part. pas.

Senheiras desplegadas e 'ls gonfanons banditz.

Guillaume de Tudela.

Enseignes déployées et les étendards flottants.

- Exiler, bannir.

Li senhors, ab la cort, lo podon bandir.

Cout. de Condom de 1313.

Les seigneurs, avec la cour, le peuvent bannir.

Part. pas. substantiv. Las terras dels banditz.

Tit. du XIVe sièc. DOAT, t. VIII, fol. 219.

Les terres des bannis.

ESP. (Exiliar, prohibir) PORT. Bandir. IT. Bandire.

4. Bandimen, s. m., ban, ordonnance, bannissement.

E can d'aquel rey fo cridatz lo bandimens.

P. de Corbiac: El nom de.

Et lorsque le ban de ce roi fut crié.

Et aprob lo bandiment.

Cout. de Condom de 1313.

Et après le bannissement.

ANC. FR. Aler metre bandiment en une vigne, etc.

Lett. de rém., 1459. Carpentier, t. I, col. 451.

CAT. Bandejament.

5. Baneiament, s. m., saisie, mise au ban.

Baneiament et gatjament de bestials que darian dampnatge.

Tit. de 1394. DOAT, t. CXLII, fol. 54.

Mise au ban et saisie des bestiaux qui donneraient dommage.

6. Banda, s. f., troupe, bande.

Avia faita tres bandas de sas gens.

Chronique des Albigeois, col. 53.

Il avait fait trois bandes de ses gens.

CAT. ESP. PORT. IT. Banda.

7. Auriban, s. m., arrière-ban.

Mas lai de vas Montfort

Volgra vezer hueimais son auriban

Contra totz selhs qui 'l van d'onor baissan.

Bertrand de Born: Un sirventes.

Mais là devers Montfort je voudrais voir son arrière-ban contre tous ceux qui vont le rabaissant d'honneur.

Ab aquestas paraulas, es l'auriban cornatz.

Roman de Fierabras, v. 602.

A ces mots, l'arrière-ban est sonné.

8. Reiban, s. m., arrière-ban.

E Karles a mandat son reiban.

Roman de Gerard de Rossillon, fol. 78.

Et Charles a mandé son arrière-ban.

9. Bandiera, Baneira, s. f., bannière, étendard.

Am la baniera de la ciotat de Roma.

Cat. dels apost. de Roma, fol. 101.

Avec la bannière de la ville de Rome.

Ten la bandiera de saint Jordi.

Anc. tarif des monnaies en provençal.

Tient la bannière de S. George.

Cant viron las baneiras desplegadas.

Guillaume de Tudela.

Quand ils virent les bannières déployées.

Loc. Venguet a baniera desplegada.

Chronique des Albigeois, col. 11 (ou II).

Il vint à bannière déployée.

Et enueia m de fort maneira

Hom volpilh que porta baneyra.

Le moine de Montaudon: Be m'enueia.

Et m'ennuie de forte manière homme lâche qui porte bannière.

Fig. Per far sos mandamens,

Segrai sa banera.

Giraud de Borneil: Sol qu'amors.

Pour faire ses commandements, je suivrai sa bannière.

CAT. ESP. Bandera. PORT. Bandeira. IT. Bandiera.

10. Banaire, s. m., qui porte la bannière, banneret.

Aquist banaires

Qu'an castels I o II o tres.

Brev. d'amor, fol. 122.

Ces bannerets qui ont châteaux un ou deux ou trois.

CAT. Banderado (senyaler). IT. Banderaio. (ESP. Abanderado.)

11. Bandeiar, Baneyar, v., flotter, s'agiter.

Tan golfayno contra 'l ven baneyar.

Rambaud de Vaqueiras: Honrat marques.

Tant de drapeaux flotter contre le vent.

Mas eu faz com fe 'l cers... can vi

L'ombra dels banz en la fon bandeiar.

G. de Montagnagout: Non estarai.

Mais je fais comme fit le cerf... quand il vit l'ombre des cornes s'agiter dans la fontaine.

Part. prés.

Los estendards dressatz contra 'l vent banoians.

Guillaume de Tudela.

Les étendards levés s'agitant contre le vent.

- S'amuser, se récréer.

E can ven en apres que levo del dinnar,

Cascus pres son caval per anar baneyar.

Roman de Fierabras, v. 5007.

Et quand il arrive ensuite qu'ils se lèvent de dîner, chacun prit son cheval pour aller se récréer.

ANC. FR. Li quens esteit alé chacier,

El bois s'alout esbanoier.

Roman de Rou, v. 6183.

ESP. Bandear.

12. Desbandir, v., rappeler du bannissement.

Part. pas. Devon esser desbandit.

Tit. de 1294. DOAT, t. XCVII, fol. 255.

Doivent être rappelés du bannissement.

IT. Sbandire.


Bandon, s. m., permission.

Que m des bando

Que chantes.

G. Riquier: Ar non agui.

Qu'elle me donnât permission que je chantasse.

El rei si 'l det bandon d'anar e met lo en arnes de totas res.

V. d'Aimeri de Peguilain.

Le roi ainsi lui donna la permission d'aller, et le mit en équipage de toutes choses.

ANC. FR. Onques pucele de parage

N'ot d'amer tel bandon cum gié,

Car j'ai de mon père congié

De faire ami e d'estre amée.

Roman de la Rose, v. 5845.

Adv. comp.

No truep selhuy ni selha que mout gen,

Quan la mentau, no la laus a bando.

G. Riquier: Razos m'aduy.

Quand je la mentionne, je ne trouve celui ni celle qui ne la loue sans réserve.

S'amon de bon cor a bandon.

G. Faidit: Dalfins, respondetz.

Ils s'aiment de bon coeur sans réserve.

ANC. FR. Vá, si li di qu'il vigne à mei,

M'amor li metrai à bandun.

Marie de France, t. 1, p. 488.

2. Abandon, s. m., penchant, volonté.

Qui layssa anar l'ayga a son abandon.

V. et Vert., fol. 103.

Qui laisse aller l'eau à son penchant.

ANC. FR. Comme le vent souffle à son abandon

Le duvet blanc du vieux chenu chardon.

Amyot, trad. de Plutarque. Morales, t. IV, p. 444.

ESP. PORT. Abandono. IT. Abbandono.

Adv. comp.

E totz los mandamentz farai ad abandon.

V. de S. Honorat.

Et tous les commandements je ferai sans réserve.

ANC. FR. Mais tost s' en parte à habandon.

Fabl. et cont. anc, t. 1, p. 70.

3. Abandonar, v., abandonner, quitter, délaisser, livrer.

Drutz qui pros don' abandona.

P. Raimond de Toulouse: Pos lo prims.

Amant qui abandonne noble dame.

Com so folas femnas que se abandonon per un pauc de gazanh.

V. et Vert., fol. 17.

Comme sont folles femmes qui se livrent pour un peu de profit.

Part. pas. adv. comp:

E Frances esperonan lor fres abandonatz.

Roman de Fierabras, v. 410.

Et les Français éperonnent à bride abattue.

CAT. ESP. PORT. Abandonar. IT. Abbandonare.

5. Abandonadamen, adv., en toute hâte, sans réserve.

C'anesson vers lo corn abandonadamens.

P. de Corbiac: El nom de.

Qu'ils allassent vers l'angle en toute hâte.

… Eu non voil abandonadamen

Ome lauzar, s'enan vist no l'avia.

Rambaud de Beaujeu: En Peire.

Je ne veux louer un homme sans réserve, si je ne l'avais vu auparavant.

ANC. FR. De ses hauts dons qu'il a entièrement

En elle mis abandonéément.

Charles d' Orléans, p. 40.

IT. Troppo abbandonatamente t'ho amato.

Volg. delle Pistole d'Ovidio.


Banc, s. m., banc, siége, place.

Voyez Aldrete, p. 363; Denina, t. III, p. 10; Mayans, t. II, p. 227;

Muratori, Diss. 33.

Anero se asetjar en un bel banc.

V. de S. Honorat.

Ils allèrent s'asseoir en un beau banc.

Dorm sobre archa e sobre banc.

Giraud de Borneil: Quant la bruna.

Dort sur coffre et sur banc.

Fig. Cosi us torn en vostre banc.

Gavaudan le Vieux: A la pus longa.

Comment il vous remet en votre place.

Fig. Per que Adams lo pom trazit...

Elh era assis en tal banc, etc.

Gavaudan le Vieux: Patz passien.

C'est pourquoi Adam prit la pomme... il était assis en tel banc, etc.

CAT. Banc. ESP. PORT. IT. Banco.

2. Banca, s. f., siège, banquette.

Ad ops de portar corona

Sus en l'emperial banca.

P. Vidal: Car' amiga.

Afin de porter la couronne sur le siége impérial.

Fig. Baissaretz d'aut banc en banca.

Gavaudan le Vieux: A la pus longa.

Vous baisserez de haut rang en banquette.

ANC. FR. Banque de chesne ou de haistre.

Tit. de 1379. Carpentier, t. I, col. 454.

CAT. ESP. PORT. IT. Banca.

3. Bancal, s. m., banc, siége.

E trais m'a part

Sezer sus un bancal.

Amanieu des Escas: En aquel mes.

Et m'amène asseoir à part sur un banc.

CAT. ESP. PORT. Bancal.


Bandisos, s. f., apprêt, étalage de mets.

Qu'a lui no dol ni s'irais

Si 'l datz faisols ab uignos

Senes autra bandisos.

B. de Miraval, Gloss. occit.

Qu'il ne lui fait peine ni se fâche si vous lui donnez haricots avec oignons sans autre apprêt.

Banh, Bain, s. m., lat. balneae, bain.

Ieu muer si cum fetz el banh

Serena, lo vielh auctor. (Senequa)

Giraud le Roux: A lei de bon.

Je meurs comme fit au bain Sénèque, le vieil auteur.

- Fig., purification, délices.

Apres l'anar c'avem empres

En lai on es comunals bainz.

Giraud de Borneil: En un chantar.

Après le voyage que nous avons entrepris devers là où est la commune purification.

Loc. Ar ai conquist sojorn en banh.

P. Vidal: Neu ni gel.

J'ai maintenant conquis repos en délices.

ANC. CAT. Bayn. EST. Baño. PORT. Banho. IT. Bagno.

2. Balneacio, s. f., balnéation, action de se baigner.

Per balneacio. Eluc. de las propr., fol. 22.

Par balnéation.

3. Banhar, v., baigner, mouiller.

Alcuna vetz lo banharetz.

Si vostr' auzel a trop gran set,

E volontiers en aiga s met,

Per sol beure, non per banhar.

Deudes de Prades, Auz. cass.

Quelquefois vous le baignerez.

Si votre oiseau a trop grande soif, et se met volontiers dans l'eau, seulement pour boire, non pour baigner.

Ieu sui aisselh qu'e mieg de l'aiga s bagna (qu'e : qu'en)

E mor de set.

Perdigon: Estat aurai.

Je suis celui qui se baigne au milieu de l'eau et meurt de soif.

- Fig., baigner, délecter.

Quar en valor se banha.

B. de Rovenhac: Belh m'es.

Car il se délecte en valeur.

Tot en aissi quo s banha doussamen

Salamandra en fuec et en ardura.

P. de Cos d' Aorlac: Si quo 'l solelhs.

Tout ainsi que la salamandre se baigne doucement en feu et en brûlure.

Part. pas.

Els li viron tan bellz e los huellz e la cara

Com si se fos banhada.

V. de S. Honorat.

Ils lui virent les yeux et la face aussi beaux comme si elle se fût baignée.

ANC. FR.

De ce que tu es mors mon cuer en duel se bainge.

Poëme d'Hugues Capet, fol. 17.

Il se baigne en liesse et en félicité.

Desportes, premières oeuvres, p. 46.

Berger Thenot, je suis esmerveillé

De tes chansons, et plus fort je m'y baigne

Qu'à escouter le linot esveillé.

C. Marot, t. III, p. 294.

ANC. CAT. Banyar. ESP. Bañar. PORT. Banhar. IT. Bagnare.


Banz, s. m., corne, bois de cerf.

Mas eu faz com fe 'l cerf... can vi

L'ombra dels banz en la fon bandeiar.

G. de Montagnagout: Non estarai.

Mais je fais comme fit le cerf... quand il vit l'ombre des cornes s'agiter dans la fontaine.

2. Bana, Banda, s. f., corne.

Las banas d'un moton que paissia.

Hist. abr. de la Bible, fol. 7.

Les cornes d'un mouton qui paissait.

II buous e II sonalhs e IIII banas que tenon els caps.

Declaramen de motas demandas.

Deux boeufs et deux sonnettes et quatre cornes qui tiennent aux têtes.

Natura a provezit a cascuna bestia d'alcunas armas, cum a cervis de bandas.

Eluc. de las propr., fol. 230.

La nature a pourvu chaque bête de quelques armes, comme aux cerfs de cornes.

CAT. Banya. (ESP. Cuerno)

3. Enbanamen, s. m., ouvrage à cornes, partie de fortification.

Los enbanamens de la vila.

Tit. de 1382. Ville de Bergerac.

Les ouvrages à cornes de la ville.


Baptisme, s. m., lat. baptismus, baptême.

Los autres que no volgran penre baptisme. Philomena.

Les autres qui ne voudraient prendre le baptême.

E pueys ab totz los reys que baptism' an

Anet venjar Jhesu-Crist en Suria.

Folquet de Lunel: Al bon rey.

Et puis avec tous les rois qui ont baptême, il alla venger Jésus-Christ en Syrie.

CAT. Baptisme. ESP. Bautisme (bautismo). PORT. Babtismo.

IT. Battesimo.

2. Batejamen, s. m., baptême.

Lay el soudan del Cayre, sol pren batejamen.

P. Bremon Ricas Novas: Pus partit.

Là au soudan du Caire, pourvu qu'il prenne baptême.

ANC. FR. Quant li rois fu bauptisiez et li offices du bauptiszement fait, il issi de l'église.

Rec. des Hist. de Fr., t. III, p. 171.

IT. Battezzamento.

3. Baptistili, s. m., baptême.

Que diguas to veiaire: per cal razo descies

Lo nostre baptistili?

Izarn: Diguas me tu.

Que tu dises ton avis: pour quelle raison ignores-tu notre baptême?

4. Babtismal, adj., lat. baptismalis, baptismal.

Han perduda innoscencia babtismal.

Eluc. de las propr., fol. 59.

Ils ont perdu l'innocence baptismale.

CAT. Babtismal. ESP. Bautismal. PORT. Baptismal. IT. Battesimale.

5. Batejar, Bathegar, v., lat. baptizare, baptiser, donner un nom.

E tals es nus

Que non a plus

Qu'aquel c'om porta batejar.

P. Cardinal: Predicator.

Et tel est nu qui n'a pas plus que celui qu'on porte baptiser.

K. magnes mandec a l'arssevesque Turpi que totz los bapteges.

Philomena.

Charlemagne manda à l'archevêque Turpin qu'il les baptisât tous.

Er finisc mon no sai que s'es,

Qu'aissi l'ai volgut batejar.

Rambaud d'Orange: Escotatz.

Maintenant je finis mon je ne sais ce que c'est, car j'ai voulu le baptiser ainsi.

Prov. Car sa cresma pert qu'ilh met e 'l lezer,

Qui filh d'ase bateja.

Aimeri de Peguilain: A lei de fol.

Car il perd son chrême et le loisir qu'il y met, qui baptise un fils d'âne.

Part. pas. Vuelh esser batejatz.

Izarn: Diguas me tu.

Je veux être baptisé.

Substantiv. K. vestic totz los bategatz, e lor donec blat a manjar. Philomena.

Charles vêtit tous les baptisés, et leur donna blé à manger.

ANC. FR. Ne baptise pourtant de plainte déguisée

Les vers que je soupire au bord ausonien.

Du Bellay, p. 402.

CAT. Batejar. ESP. Bautizar. PORT. Babtizar. IT. Battezzare. (chap. batejá o batechá.)

6. Desbatejat, adj., non baptisé.

Sobr'els fals Turcx desbatejatz.

Aimeri de Bellinoi: Cossiros.

Sur les faux Turcs non baptisés.

7. Rebateiar, Rebatizar, v., rebaptiser.

Que s fezes rebateiar... loqual era rebatizatz o doas vetz bateiatz.

Cat. dels. apost. de Roma, fol. 38 et 44.

Qu'il se fît rebaptiser... lequel était rebaptisé ou deux fois baptisé.

ESP. Rebautizar. IT. Ribattezzare. (Chap. rebatejá o rebatechá)


Bar, s. m., rempart.

Quan enpugiei sus el bar merlat.

G. Rainols d'Apt: Auzir cugei.

Quand je montai sur le rempart crénelé.

2. Barri, s. m., rempart.

Sarrazi asautero la tor a gran rando;

Tot an conquist lo barri tro a l'ausor dromo.

Roman de Fierabras, v. 3316.

Les Sarrasins assaillirent la tour avec grande impétuosité; ils ont conquis tout le rempart jusqu'à la plus haute approche.

Quan vei fortz castels assetjatz

E 'ls barris rotz e effondratz.

Bertrand de Born: Be m play.

Quand je vois forts châteaux assiégés et les remparts détruits et effondrés.

- Faubourg.

Que negun blat iesca de Monpeslier ni dels barris.

Cartulaire de Montpellier, fol. 140.

Q'aucun blé sorte de Montpellier ni des faubourgs.

Baris es veramen

Ditz so que fora vila

Es bastit senes guiza,

Entorn, e pres del mur.

G. Riquier: A lieis cui.

Faubourg est vraiment dit ce qui hors ville est bâti sans forme, à l'entour,

et près du mur.

ANC. FR. Ladicte ville et les barriz d'icelle ont besoing de reparation et fortification.

Ord. des R. de Fr., 1368, t. V, p. 396.

CAT. Barri. ESP. Barrio.

3. Barrian, s. m., habitant du faubourg, bourgeois.

Ab coisseil et ab voluntat dels barrias del castel de Lautrec.

Tit. de 1209. Hist. De Languedoc, t. III, pr., col. 219.

Avec le conseil et la volonté des bourgeois du château de Lautrec.


Bar, Baron, s. m., lat. vir, virum, homme, mari.

En général, bar est sujet au singulier, et baron régime.

C'est l'acception primitive et restreinte de vir, mari.

Non est creatus vir propter mulierem, sed mulier propter virum.

Lo bar non es creat per la femna, mas la femna per lo baro.

Trad. de l' Épître de S. Paul aux Corinthiens.

L'homme n'est pas créé pour la femme, mais la femme pour l'homme.

ANC. FR. Moult ot lo cuer triste et irié,

De son baro se trest arrière.

Marie de France, t. II, p. 384.

Et à baron prengne son frere

Qu'ele a geté de tel misere...

La sainte fame lor respont

Qu'ele n'aura jamès baron,

Ami, n'espous, se celui non

Qui sires est de tot lou monde.

Nouv. rec. de fables et cont. anc, t. II, p. 88.

On l'a employé pour désigner l'âge viril.

Las set estatz, lasquals so: enfantia, puericia, adolescentia, juventutz, baro, vilheza, decrepitutz. La Cofessio.

Les sept âges, lesquels sont: enfance, puérilité, adolescence, jeunesse, âge viril, vieillesse, décrépitude.

Il a aussi signifié grand, seigneur, et même roi, et spécialement baron.

En Blacatz si fo de Proensa gentils bars e autz e rics.

V. de Blacas.

Le seigneur Blacas fut de Provence gentilhomme et distingué et puissant.

Qu'om li traga lo cor, e qu'en manjo 'l baro; 

Premier mange... l'emperaire de Roma.

Sordel: Planher vuelh.

Qu'on lui tire le coeur, et que les princes en mangent; que l'empereur de Rome en mange le premier.

E ill baron e il vavassor.

P. Vidal: Tant ai.

Et les barons et les vavasseurs.

ANC. FR. Moult ere halt ber et honorez.

Ville-Hardouin, p. 18.

CAT. (Baró) ESP. Baro (barón). PORT. Barão. IT. Barone.

2. Baronessa, s. f., baronne.

Contessas e baronessas sobre las autras senhoreyans.

Lett. de Preste Jean à Frédéric, fol. 18.

Comtesses et baronnes dominant sur les autres.

CAT. Baronessa. EST. Baronesa. PORT. Baroneza. IT. Baronessa.

3. Barnat, s. m., noblesse, baronnage.

De lai es proeza e barnatz

Mantengut, larguesa e covitz.

T. de B. de Miraval et de Bertrand: Bertran.

De l'autre côté prouesse et noblesse, largesse et régal sont maintenus.

Merma pretz e barnatz,

E pus las poestatz.

Giraud de Borneil: Si per mon.

Le mérite et la noblesse dégénèrent, et plus les puissances.

- Concours, émulation de galanterie.

Qu'ieu vi que per un gan,

Si lor fos enviatz,

Si mesclav' us barnatz

Que durava tot l'an.

Giraud de Borneil: Lo doutz chans.

Que je vis que pour un gant, s'il leur fût envoyé, il s'établissait une émulation de galanterie qui durait tout 'l'an.

ANC. FR. Tant qu'il fu en la sale amunt,

Où asanblez iert li barnez.

Roman du Renart, t. II, p. 348.

ANC. CAT. Barnatz.

4. Barnage, s. m., baronnage, noblesse.

No tan a rey que a tan ric coratge

Quo 'l reys N'Anfos, e tan noble barnatge,

Lays estar pres home de son linhatge.

Paulet de Marseille: Ab marrimen.

Il ne convient pas à un roi qui, comme le roi Alphonse, a si puissant courage et si noble baronnage, qu'il laisse être prisonnier homme de son lignage.

- Exploit d'armes.

Senhors, so dis Rollan, mot nos deu enugar

Que l'amiran Balan si meta al sopar;

So sera gran barnatge qui lo 'n fara laychar.

Roman de Fierabras, v. 3393.

Seigneurs, ce dit Roland, il doit beaucoup nous fâcher que l'émir Balan se mette à souper; ce sera un grand exploit d'armes qui l'en fera désister.

ANC. FR. Le feu roi oudit siége lors

Faisoit conduire grant barnaige,

Et avoit autour de son corps

Plusieurs de son sang et lignaige.

Vigiles de Charles VII, t. I, p. 181.

IT. Barnaggio, baronaggio.

5. Barnatjos, adj., noble, valeureux.

Als nobles cors barnatjos.

P. Vidal: Abril issic.

Aux nobles coeurs valeureux.

6. Barnil, adj., noble, distingué.

Ieu, que vi son gai cors barnil,

Saludei la.

G. d'Autpoul: L'autr'ier.

Moi, qui vis son agréable personne distinguée, je la saluai.

ANC. FR. Barnilment t'estuet contenir.

Marie de France, t. II, p. 439.

7. Baronia, s. f., baronnie, noblesse.

Tolon cieutatz e castels, terras, fieus e baronias.

V. et Vert., fol. 15.

Ils enlèvent cités et châteaux, terres, fiefs et baronnies.

Anero penre conjat de K. e de tota la baronia que era a la ost.

Philomena.

Us allèrent prendre congé de Charles et de toute la noblesse qui était à l'armée.

ANC. FR. Entour eus ot grant baronie

Ki leur tenoient conpaignie.

Roman du Renart, t. IV, p. 128.

CAT. ESP. (baronía) PORT. IT. Baronia.


Baralh, s. m., trouble, dispute, bruit.

Ab fellona desiransa

Et estranhatg' e baralh

Pays amors los desirans.

Marcabrus: Contra.

Amour nourrit les désirants avec félon désir et étrangeté et trouble.

E guerra e baraill.

Rambaud de Vaqueiras: Leu sonetz.

Et guerre et dispute.

2. Baralha, s. f., trouble, dispute, bruit.

Bregas e baralhas e d'autras fulhias assatz. (N. E. folhias, no se lee bien)

Liv. de Sydrac, fol. 101.

Querelles et disputes, et assez, d'autres folies.

ANC. FR. Tant que l'en maintint les bereles

Des serjans aus noires gonneles.

G. Guiart, an 1304. Carpentier, t. 1, col. 522.

CAT. Baralla. PORT. Baralha. IT. Baraja. (ESP. En Aragón, León, baraylla, barallar y barajar. Pelea, riña.)

3. Barrei, s. m., querelle, tumulte, dévastation.

E de Mauzac lo barei

Ai ben auzit cossi fo.

P. Cardinal: L'afar del.

Et j'ai bien ouï comment fut le tumulte de Mauzac.

Adv. comp. E tema meyns mort

Qu'el coms de Montfort,

Qui vol qu'a barrey

Lo mons li sopley.

P. Cardinal: Per folhs ten.

Et qu'il craigne moins la mort que le comte de Montfort, qui veut que le monde se soumette à lui par dévastation.

Loc. Menan a fuec e a barrey.

Avian tot effugat e menat a barrey.

V. de S. Honorat.

Ils mènent à feu et à dévastation.

Ils avaient tout incendié et mené à dévastation.

ANC. CAT. Barreig.

4. Guaralha, s. f., dispute.

Que jes de dona que vos valha

No s tanh, c'ab lor aia guaralha

Ni ab pegua gent ufanieira.

Amanieu des Escas: A vos qu'ieu.

Qu'il ne convient point de dame qui vous vaille, qu'elle ait dispute avec eux ni avec sotte gent orgueilleuse.

5. Barreiament, s. m., enlèvement, pillage.

Del barreiament de las fedas et de la occisio que feiro li mieu.

Tit. de 1243. DOAT, t. CXL, fol. 144.

De l'enlèvement des brebis et de la tuerie que les miens firent.

6. Baralhar, v., contester, disputer, attaquer.

C'ab son amic non baralha.

Marcabrus: Cant l'aura.

Qu'elle ne dispute pas avec son ami.

Tot jorn contendi e m baralh,

M'escrim e m defen e m coralh,

C'om me fond la terra e la m'art.

Bertrand de Born: Un sirventes.

Toujours je conteste et me dispute, je m'escrime et me défends et me courrouce, parce qu'on me détruit la terre et qu'on me la brûle.

CAT. Barallar. PORT. Baralhar. (N. E. Baralhar, tanto romance, como portugués, es la misma palabra que barallar, sólo cambia la ortografía.)

7. Bareiar, v., confondre, troubler.

Dieu prec que trachors barrey,

E los degol e los abays.

P. Cardinal: Rasos es.

Je prie Dieu qu'il confonde les traîtres, et les précipite et les abaisse.

- Attaquer, détruire.

Barreiar iran Tudella,

E 'l Puey e Monferran.

P. Cardinal: Un sirventes trametray.

Ils iront attaquer Tudela, et le Puy et Montferrant.

ANC. FR. Et pour ce souvent on y trouve avantage à fort barroyer la matière... Si rien ne trouve à barroyer au libelle... Si rien n'y peut estre barroyé, peut encore le defendeur demander garand.

Somme rurale. De Laurière, Gloss. du droit fr., t. I, p. 146.

CAT. Barrejar. ANC. ESP. Barajar.

8. Esbaralla, s. f., querelle, tourment.

E mantenent li moc amor esbaralla.

V. de Guillaume de Cabestaing.

Et maintenant amour lui meut querelle.


Baranda, s. f., barricade, bastion.

Non vuelh esser reis d'Irlanda,

Per tal qu'ieu emble ni tuelha

Castel ni tor ni baranda.

P. Cardinal: A tot farai.

Je ne veux pas être roi d'Irlande, pour tel que je vole et emporte château et tour et bastion.

CAT. Barana. ESP. Baranda.


Barat, s. m., tromperie, fraude, supercherie, ribauderie.

Voyez Muratori, Diss. 33; Denina, t. III, p. 13.

Peccatz cassa sanctor

E baratz simplessa.

P. Cardinal: Falsedatz.

Le péché chasse sainteté, et la tromperie simplesse.

Et ai ab vos fait maint cortes barat.

Rambaud de Vaqueiras: Valen marques.

Et j'ai fait avec vous mainte courtoise supercherie.

ANC. FR. Qui barat quiert, baraz li vient.

Fabl. et cont. anc, t. III, p. 91.

ANC. CAT. Barat. ESP. PORT. Barato. IT. Baratto.

2. Baran, s. m., tromperie, supercherie.

Ben pot chausir domn' un sol fin aman,

Ses malestan,

Son par o pauc major;

Pero no falh si chauzis en menor,

Si 'l ve valor;

Sol no pes lo baran.

G. de Montagnagout: No sap per.

Une dame peut bien, sans inconvénient, choisir un seul amant chéri, son égal ou un peu au-dessus d'elle; pourtant elle ne commet point de faute si elle choisit en moindre, si elle lui voit du mérite; seulement qu'elle ne pense pas la supercherie.

3. Barata, s. f., tromperie, fraude.

Roma, be sapchatz

Que vostr' avols barata

E vostra foldatz

Fetz perdre Damiata.

G. Figuieras: Sirventes vuelh.

Rome, sachez bien que votre méchante perfidie et votre folie fit perdre Damiette.

- Marché.

Fan baratas ad espera. Brev. d'amor, fol. 12. 

Ils font marchés à terme.

- Dette.

Entro que sio pagadas las baratas de la maio.

Tit. de 1226. DOAT, t. XXXVIII, fol. 14.

Jusqu'à ce que les dettes de la maison soient payées.

ANC. PORT. Vender ou empenorar ou outra barata far.

Eluc. doc. de 1270.

CAT. ESP. IT. Barata.

4. Barataria, s. f., marché, intérêts.

Son vedadas usuras et autras baratarias.

Les dix Commandements de Dieu.

Sont prohibées usures et autres marchés.

CAT. Barateria. ANC. ESP. Barataria (también la ínsula Barataria, Quijote). 

IT. Baratteria.

5. Baratar, v., trafiquer, friponner, gagner, houspiller.

Subtils en autres engannar o decebre o baratar.

V. et Vert., fol. 31.

Subtils à tromper ou décevoir ou friponner les autres.

S'ieu per juguar m'aseti al taulier,

Ja no i puesca baratar un denier.

Bertrand de Born: Ieu m'escondisc.

Si pour jouer je m'asseois à la table, que je n'y puisse jamais gagner un denier.

Els pastors ab los cas lo cassero e 'l baratero si malamen qu'el en fo portat per mort.

V. de Pierre Vidal.

Les bergers avec les chiens le chassèrent et le houspillèrent si rudement, qu'il en fut porté pour mort.

Ailas! tan mal si barata

Drutz qu'ab vieilla s'acoata.

Ogiers: Era quan l'ivern.

Hélas! si mal se trafique galant qui avec vieille s'associe.

Nostre cardinals

Sojorna e barata,

E prent bels ostals.

Tomiers et Palazis: De chantar.

Notre cardinal se divertit et trafique, et prend de beaux hôtels.

Compraran ni barataran negu aver. 

Tit. de 1221. DOAT, t. CXVI, fol. 2.

Achèteront et trafiqueront aucun avoir.

ANC. FR. Baratent le siècle et engignent.

Fabl. et cont. anc, t. II, p. 388.

C'est cele qui fait l'autrui prendre

Rober, tolir et bareter.

Roman de la Rose, v. 181.

Et achetoit et revendoit
Les denrées qu'il connissoit;
Tant se bareta d'un et d'el,
Que toz jors sauva son chatel.
Fabl. et cont. anc., t IV, p. 474'
CAT. ANC. ESP. Baratar. IT. Barattare.
6. Barataire, Baratador, s. m., trompeur, fripon, ribaud.
El es un gran baratador.
Un troubadour anonyme: El nom de.
Il est un grand trompeur.
La molher coitosa
Acuelh ab se alcun baratador.
P. Cardinal: Tals cuia.
La femme convoiteuse accueille quelque ribaud avec elle.
ANC. FR. Mais refuser sovent veomes
Le bon pour le barateor.
Fabl. et cont. anc., t. 1, p. 296.
CAT. ESP. Baratador. IT. Barattatore.
7. Baratiers, s. m., fripon, dévergondé.
Grans baratiers fo de jogar e d'estar en taverna, per que ades fo paubres e ses arnes. V. de Hugues de Pena.
Il fut grand dévergondé de jouer et d'être en taverne, c'est pourquoi il fut toujours pauvre et sans équipement (N. E. harnois).
So ditz lo reproiers:
Tola s de baratiers.
G. Riquier: Si m fos tan.
Le proverbe dit ceci: Qu'il se sépare des fripons.
ANC. FR. Tant fut soutis et barretierres.
Roman de la Rose, v. 20338.
ANC. CAT. Barater. ANC. ESP. Baratero. PORT. Barateiro. IT. Barattiero.
8. Baratairitz, s. f., coquine, friponne, ribaude.
Las baratairitz baratan,
Frigens del barat, corbaran.
Marcabrus: Pus s'enfulleyson.
Les coquines trafiquant se courberont, en frissonnant de la ribauderie.
ANC. FR. Plus tost se sunt apercéues
Des bareteresses faveles
Que ne font les tendres puceles.
Roman de la Rose, v. 21729.
9. Desbarat, s. m., déroute, défaite.
Molt fo vostra lanza bona,
En Taurel, per mon grat,
No fora al desbarat
Quant anavatz vas Cremona.
T. de Taurel et de Falconet: Falconet.
Seigneur Taurel, votre lance fut très bonne, à mon gré, si ne serait à la déroute, quand vous alliez vers Crémone.
En l'an M et C XXX IIII fon lo desbarat de Fragra, e fon pres lo rei d'Aragon. (N. E. 1134, Alfonso I lo batalladó, Fraga. ¿Pres o mort?)
Cartulaire de Montpellier, fol. 66.
L'an 1134 fut la défaite de Fragre, et le roi d'Aragon fut pris.
10. Desbaratar, v., vaincre, défaire, abattre.
E poirem los trastotz aisi desbaratar.
Guillaume de Tudela.
Et nous pourrons ainsi les abattre tous.
Anneron ferir en la gent e desbareteron los totz.
Hist. abr. de la Bible, fol. 37.
Allèrent frapper sur la gent et les défirent tous.
Part. pas. Paya son descofit e tuh desbaratat.
Roman de Fierabras, v. 4763.
Païens sont déconfits et tous défaits.
Lo rei de Fransa fon desbaratatz a la Massora.
Cartulaire de Montpellier, fol. 69.
Le roi de France fut défait à Massoure.
ANC. FR. Soient mort et debareté...
Cil de Sissons sunt tuit desbareté.
Roman de Garin le Loherain, p. 35.
Tous furent desbaratés pour l'estendart qui chéut à terre.
Roman de Galien Rhetoré, fol. 74.
CAT. Desbaratar. IT. Sbarattare.

Baratro, s. m., lat. barathrum, barathre, enfer, abîme.
Ven lo diables que guarda 'l baratro.
Poëme sur Boece.
Vient le diable qui garde le barathre.
E manda ti per mi e jura baratro.
Roman de Fierabras, v. 3688.
Il te mande par moi et jure le barathre.
ANC. FR. Et Apolin et tes diex baratron.
Roman d' Agolant, Bekker, v. 908.
Or te mande par moi et jure baratron.
Roman de Fierabras en vers français.
ESP. Baratro. PORT. Barathro. IT. Baratro.

Barba, s. f., lat. barba, barbe.
La barba ly a faita far.
Chronique des Albigeois, col. 33.
Il lui a fait faire la barbe.
Barba rossa auras.
Giraud de Calanson: Fadet joglar.
Tu auras une barbe rousse.
(ESP. Tú habrás : tendrás una barba roja, Barbarroja)
Barba es ornament de la cara d'home.
Eluc. de las propr., fol. 41
La barbe est l'ornement du visage de l'homme.
Loc. Aquilh que l'auzo s'en janglo et li bufon en la barba.
Liv. de Sydrac, fol. 103.
Ceux qui l'écoutent s'en moquent et lui soufflent dans la barbe.
(chap. Aquells que lo escolten sen enfoten y li bufen a la barba.)
CAT. ESP. PORT. IT. Barba.
2. Barbeta, s. f., petite barbe.
Per so meto alguna barbeta.
Eluc. de las propr., fol. 41.
Pour cela ils mettent aucune petite barbe.
CAT. Barbeta. ESP. Barbita. IT. Barbetta.
3. Barbat, adj., lat. barbatus, barbu, embarbelé.
E donzelos barbatz ab gren.
Le moine de Montaudon: Be m'enueia.
Et damoiseau barbu avec moustache.
Arc e sageta barbada.
Bertrand de Born: Rassa.
Arc et flèche embarbelée.
ANC. FR. Ni trovast-il home barbé
S'encontre lui liuter vousist.
Roman d'Haveloc, v. 152. (N. E. d' porque Haveloc se pronuncia sin h aspirada.) 
Se li barbé le sens séussent
Bous et chievres molt en éussent.
Fabl. et cont. anc., t. IV, p. 176.
CAT. Barbat. ESP. PORT. Barbado. IT. Barbato.
4. Barbut, adj., barbu, qui porte barbe.
Capellan e monge barbut.
Le Moine de Montaudon: Mot m'enueia.
Chapelains et moines barbus.
Aissi com es arditz
Leos plus que cabritz,
Et ors que bueus cornutz,
E lops que bocx barbutz.
P. Vidal: Dieus en sia.
Ainsi comme est plus hardi lion que chevreau, et ours que boeuf cornu, et loup que bouc barbu.
CAT. Barbut. ESP. PORT. Barbudo. IT. Barbuto.
5. Barbuda, s. f., museau.
Cata morruda,
Ieu vos aurai tost abatuda;
E fier la denan la barbuda
Tal colp que tota l'escoissen.
Raimond l'écrivain: Senhor l'autr'ier.
Chatte lippue, je vous aurai bientôt abattue; et il la frappe au devant du museau d'un tel coup qu'il l'écrase entièrement.
6. Barbier, s. m., barbier.
Tolc moiller à (a) Milan; la moiller d'un barbier, bella e jove.
V. de Guillaume de la Tour.
Il enleva une femme à Milan; la femme d'un barbier, jeune et belle.
CAT. Barber. ESP. Barbero. PORT. Barbiero. IT. Barbiere.
7. Barbiera, s. f., barbière.
Degun barbier ny... barbiera.
Ord. des R. de Fr., 1400, t. VIII, p. 401-2.
Nul barbier ni... barbière.
8. Barbaria, Barbairia, s. f., barberie, boutique, métier de barbier ou de
chirurgien.
Li parec e signe li fes
Ayssi com raire si volgues,
E vai s'en a la barbaria.
V. de S. Honorat.
Lui parut et lui fit signe ainsi comme s'il se voulait raser, et il s'en va à la boutique du barbier.
No podon far... lo dit mestier de barbaria... de barbairia.
Ord. des R. de Fr., 1400, t. VIII, p. 400.
Ne peuvent faire... ledit métier de barberie... de barberie.
CAT. Barberia. ESP. Barbería. PORT. Barbearia. IT. Barbieria.
9. Barbustel, adj., imberbe, blanc-bec.
Ab G. so XX. M. en un sembel,
No n'i a un trop vilh ni barbustel. (vilh : vielh)
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 28.
Ils sont vingt mille avec Gérard dans un combat, il n'y en a pas un trop vieux ni imberbe.
10. Barbari, s. m., barbillé, barbarin, sorte de monnaie.
C'était une monnaie frappée par les vicomtes de Limoges; son nom lui venait d'une effigie à barbe, Lemovicensis barbatae monetae.
Voyez Du Cange, t. I, col. 1010; Carpentier, t. 1, col. 462.
Quar si 'l metiatz en la ma
Per ver dir un marabetis,
E per mentir un barbari,
Lo barbari guazanhara.
P. Cardinal: Sen' En Neble.
Car si vous lui mettiez dans la main un maravédis pour dire vrai, et pour mentir un barbarin, elle gagnera le barbarin.
E ns daran dels barbaris,
Si volon qu'om ab lor romaigna.
Bertrand de Born: Be m platz.
Et ils nous donneront des barbarins, s'ils veulent qu'on reste avec eux.
ANC. FR. Vint pièces de gros tournois et de barbillés.
Lett. de rém. 1410. Carpentier, t. I, col. 462.

Barbacana, s. f., barbacane, créneau, embrasure.
Be m plazo l'arquier
Pres la barbacana.
B. Arnaud de Montcuc: Er can li.
Bien me plaisent les archers près de la barbacane.
Sus als cranals et en las barbacanas deu hom metre gran quantitat de peiras ponhals per lansar am fondas.
Tit. du XVe sièc. DOAT, t. CXLVII, fol. 283.
Sur les créneaux et dans les barbacanes on doit mettre grande quantité de pierres de la grosseur du poing pour lancer avec frondes.
… Ai ab vos fait maint cortes barat...
Et esvazit barbacan' e fossat.
Rambaud de Vaqueiras: Valen marques.
J'ai fait avec vous mainte courtoise supercherie... et envahi barbacane et fossé.
ANC. FR. Dedens cel encloz fist drecier bonnes barbacanes bien deffensables.
Rec. des Hist. de Fr., t. V, p. 242.
CAT. ESP. Barbacana. PORT. Barbacã. IT. Barbacane.

Barbaiol, s. m., lat. barbajovis, joubarbe.
Ajusta i hom del barbaiol;
E d'aquel' erba tenon pro
Li vilan sobre lur maiso.
Deudes de Prades, Auz. cass.
On y ajoute de la joubarbe; et les paysans tiennent assez de cette herbe sur leur maison.

Barbari, adj., lat. barbarus, étranger, barbare.
Substantiv. E trames lo en Fransa contra 'ls barbaris.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 41.
Et le transmit en France contre les barbares.
ANC. FR. Fu vendu à un barbarin en la cité de Trèves.
Chronique de S. Denys. Carpentier, t. 1, p. 463.
2. Barbaric, adj., lat. barbaricus, étranger, barbare.
Habitat per mantas nacios barbaricas... De las gens barbaricas en ela habitans.
Eluc. de las propr., fol. 163 et 168.
Habité par maintes nations barbares... Des gens barbares habitant en elle.
ANC. CAT. Barbaric (MOD: barbàric). ESP. Barbárico, bárbaro. PORT. IT. Barbarico.
3. Barbarisme, s. m., lat. barbarismum, barbarisme.
E m gar de barbarisme en pernunciamens.
P. de Corbiac: El nom de.
Et je me garde de barbarisme en prononciation.
Barbarisme es una viciosa part d'oratio.
Leys d'amors, fol. 103.
Le barbarisme est une partie vicieuse du discours.
CAT. Barbarisme, ESP. PORT. IT. Barbarismo.
4. Barbarin, adj., de Barbarie.
Sitot port' arc e coutel barbarin.
G. Rainols d'Apt: Auzir cugei.
Quoiqu'il porte arc et coutelas de Barbarie.

Barbot, s. m., lat. barbiton, lyre, luth.
Don En Gaubert de Puegcibot
Dis ad est' amor su 'l barbot.
Brev. d'amor, fol. 194.
Dont le seigneur Gaubert de Puicibot à l'occasion de cette amour dit sur la lyre.

Barca, Barja, s. f., barque, chaloupe.
Barca est quae cuncta navis commercia ad litus portat.
Isidor., Orig., XIX, 1.
Trobero doas barcas pescant en lo ribage.
V. de S. Honorat.
Ils trouvèrent deux barques pêchant sur le rivage.
… Naus en mar, quant a perdut sa barja.
Bertrand de Born: Non estarai. 
Navire en mer, quand il a perdu sa chaloupe.
ANC. FR. Envoya sa barge de sa nef.
Ville-Hardouin, p. 46.
La barge trevent; ens l' unt mis,
Od lui s'en vet en sun païs.
Marie de France, t. 1, p. 94.
CAT. ESP. PORT. IT. Barca.
2. Embarcar, v., embarquer.
Substantiv. ... La levei del port a l'embarcar.
Rambaud de Vaqueiras: Honrat marques.
Je la levai du port à l'embarquer.
CAT. ESP. PORT. Embarcar. IT. Imbarcare.

Bardel, s. m., barde, bât.
Le mot arabe albardaa est défini en portugais:
“Cubertura cheia de palha que se poem nas bestas de carga.”
Vestig. de la ling. arab., etc., p. 16.
(chap. albarda, aubarda)
Voyez Monti, t. II, part. 2, p. 310.
E vos don sella e bardel.
Le dauphin d'Auvergne: Puois sai.
Et vous donne selle et bât.
ANC. FR. Estoit bardé au possible, et sur ladite barde estoient les couleurs devant dites blanche et violette.
De La Vigne, Hist. de Charles VIII, p. 162.
ANC. CAT. Bart. ESP. Barda. PORT. Albarda. IT. Barda.

Barganh, s. m., marché, commerce, barguignage. (EN. Bargain)
Voyez Leibnitz, p. 102; Muratori, Diss. 33.
Me fes pregar de tal barganh
Don m'a 'l cor soven dolgut.
Guillaume de Balaun: Mon vers. 
Il me fit prier de tel marché dont au coeur m'a souvent fait mal.
- Niaiserie, sottise.
Que ten barganh,
Si per estanh
Do mon aur.
Giraud de Borneil: Joys * e chans.
Que je tiens à sottise, si je donne mon or pour étain.
IT. Bargagno.
2. Barganha, Bargaingna, s. f., commerce, barguignage,
maquignonnage.
Car iest de pauca barganha.
Le Moine De Montaudon: Gasc pec.
Car vous êtes de petit commerce.
S'ieu fos fals ni ginhos,
Ieu n'agra pro companhos;
Mais sa beutatz e 'l dolz ris
Mi tolon de lor bargainha.
Folquet de Marseille: Ja no volgra.
Si je fusse faux et trompeur, j'en aurais assez de compagnons; mais sa beauté et le doux sourire m'arrachent à leur maquignonnage.
Papiol, ja 'N Frederic
No fera aital bargaingna
Com fes sos fils En Henris.
Bertrand de Born: Be m platz.
Papiol, jamais le seigneur Frédéric ne ferait tel barguignage comme fit son fils le seigneur Henri.
ANC. FR. Qui n'a cure de cel barguigne.
Roman du Renart, t. 1, p. 17.
3. Barganhar, v., barguigner, tâtonner, marchander.
Al re mos cors no m barganha
Mas solatz e cortesia.
H. Brunet: Lanquan son.
Mon coeur ne me marchande autre chose que plaisir et courtoisie.
Ostans de fallimens,
Ab lialtat barganh.
Serveri de Gironne: Cavayers.
Excepté par erreur, il marchande avec loyauté.
Fig. Qui no s pessa tost barganha
Bons vers.
Bernard de Venzenac: Pus vey.
Qui ne réfléchit pas bientôt tâtonne bons vers.
ANC. FR. Com savez bien barguingnier
Voiz du papelars, du beguin.
Fabl. et cont. anc, t. IV, p. 128.
Tant l'ot gardé que le vout vendre;
Pur vingt souz, ce dit, le dunra:
Un sien veisin le bargaigna,
Maiz n'en waut mie tant duner.
Marie de France, t. II, p. 302.
Et tantost qu'ils les aperceurent, sans barguigner, frappèrent en eux.
Monstrelet, t. I, fol. 288.
IT. Bargagnare.

Barqiu, s. m., réservoir.
Un pauc barqiu on recuelh ayga.
Eluc. de las propr., fol. 166.
Un petit réservoir où recueille l'eau.
2. Barquinet, s. m., petit réservoir.
El es format a guiza de barquinet.
Eluc. de las propr., fol. 55.
Il est formé à guise de petit réservoir.
Barra, s. f., barre, perche.
De II parelhs de barras la porta es establia.
Roman de Fierabras, v. 3957.
La porte est affermie avec deux paires de barres.
Barras de fer vos y pausas.
Trad. de l' Évangile de Nicodème.
Vous y placez des barres de fer.
Saumada de cabirons et de barras dona, cascuna de sa maniera, I cabiron o I barra.
Cartulaire de Montpellier fol. 107.
Charge de chevrons et de barres donne, chacune en sa manière, un chevron ou une barre.
- Délai.
Li senhors reys de Fransa e de Malhorgas auctreyeron barra a tres ans.
Cartulaire de Montpellier, fol. 79.
Les seigneurs rois de France et de Majorque accordèrent délai à trois ans.
- Barrière, barricade, retranchement.
Lai on las oz s'encontren en un plan bel,
No i ac fossat ni barra, bos ni ramel.
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 28.
Là où les armées se rencontrent en une belle plaine, il n'y eut fossé ni barrière, bois ni baie.
Una barra tornadissa.
Roman de la Prise de Jérusalem, fol. 23.
Une barrière retournante.
Fig. Portogals, Gallics, Castillas...
Lur avem en barra, geguitz
Qu'els an rabusatz et aunitz.
Gavaudan le Vieux: Senhors per los.
Portugais, Galiciens, Castillans... nous leur avons laissés en retranchement, qui les ont rongés et honnis.
ANC. FR. N'i aveit bare ne devise
Fors un haut mur de piere bise.
Marie de France, t. I, p. 316.
Bien semble estre la mer une barre assez forte,
Pour nous oster l'espoir qu'il puisse estre battu.
Malherbe, liv. II.
CAT. ESP. PORT. IT. Barra.
2. Barras, s. m., barre, bûche, perche.
Lo duc gardet vas terra, un barras n'a levat.
Roman de Fierabras, v. 4080.
Le duc regarda vers la terre, il en a levé une perche.
3. Barrar, v., fermer, clore.
Las portas an barradas e fermadas.
Chronique des Albigeois, col. 11.
Ils ont clos et fermé les portes.
(N. E. En dialecto occitano catalán pre Pompeyo Fabra, se diría 
“las portas han barradas y fermadas”; el dialecto actual subnormalitzat dice, como en la lengua valenciana o en chapurriau: “Les portes han barrades i fermades : tancades.”)
Non avia mas I sola intrada, et aquella barrero fort an grans baras de ferre. (N. E. an : am : amb)
Hist. abr. de la Bible, fol. 70. 
Il n'y avait qu'une seule entrée, et ils fermèrent celle-là fortement avec grandes barres de fer.
- Barioler, rayer.
Part. pas. Mantels barratz de brun e de blanc.
Cartulaire de Montpellier, fol. 71.
(N. E. Como las barras de un escudo, el de Aragón, por ejemplo.)
Manteaux bariolés de brun et de blanc.
Portavan capas barratas de brun e de blanc.
Petit Talamus. Martin, p. 151.
Portaient capes bariolées de brun et de blanc.
ESP. PORT. Barrar. IT. Barrare.
4. Barriera, s. f., barrière, retranchement, fortification.
E dedins fan barreiras ab caus et ab morter.
Fassan, entorn las tendas, las barrieras dressar.
Guillaume de Tudela.
Et dedans ils font barrières avec chaux et avec mortier.
(chap. Y a dins fan barreres en cals y en morté.)
Ils fassent, autour des tentes, dresser les retranchements.
… Ai ab vos fait maint cortes barat...
E part barieyras ab vos esperonat.
Rambaud de Vaqueiras: Valen marques.
J'ai fait avec vous mainte courtoise supercherie...
et éperonné avec vous au-delà des fortifications.
CAT. ESP. Barrera. PORT. Barreira. IT. Barriera.
5. Barradura, s. f., clôture, fermeture.
A la barradura de la vila.
Fors de Bearn, p. 1089.
A la fermeture de la ville.
6. Embarrar, v., enfermer, clore.
No sai las! on m'embarre.
Leys d'amors, fol. 28.
Je ne sais, hélas! où je m'enferme.
Part. pas. Lo poble que es aissi embarat.
Chronique des Albigeois, col. 14.
Le peuple qui est ainsi enfermé.
CAT. ESP. PORT. Embarrar. IT. Imbarrare.

Barracan, s. m., barracan, camelot.
Ut nullus scarlatas aut barracanos aut preciosos burellos habeat.
Statuts de Pierre, abbé de Cluni, c. 18.
Voyez Muratori, Diss. 33.
Barracan dona de tenher en grana III s.
Cartulaire de Montpellier, fol. 114.
Barracan coûte pour teindre en écarlate trois sous.
CAT. ESP. Barragam. IT. Baracane.

Barreta, Berreta, s. f., barrette, chaperon. (N. E. bonnet, béret)
En son cap porta barreta.
Del cap li osta la berreta.
V. de S. Honorat.
En son chef il porte une barrette.
Il lui ôte la barrette de la tête.
CAT. Baret (barret; barretina). ANC. ESP. Barreta (birrete, sombrero, boina). 
PORT. Barrete. IT. Berretta. (EN. beret)
2. Berretier, s. m., bonnetier.
E billaires e berretiers.
Raimond d'Avignon: Sirvens suy.
Et faiseur de billes et bonnetier.
CAT. Barreter. PORT. Barreitero. IT. Berretajo. (ESP. sombrerero, el que hace sombreros, que dan sombra.)
3. Birret, s. m., bonnet.
Lo Birret sul cap. Leys d'amors, La Loubère, fol. 73.
Le bonnet sur le chef.
Los signes pontificals, la camisa romana e 'l birret.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 217.
Les insignes pontificaux, la chemise romaine et le bonnet.
4. Boneta, s. f., bonnet, barrette.
E m falh, mas pauc sap que m'ai en ma boneta.
G. Pierre de Cazals: D'una leu.
Et je me trompe, mais je sais peu ce que j'ai dans mon bonnet.
ANC. CAT. Bonet. ESP. PORT. Bonete.

Barril, s. m., baril.
Voyez Leibnitz, p. 53 et 102.
Pueys trosset dos barrils a l'arso de la sela.
Roman de Fierabras, v. 158.
Puis il attacha deux barils à l'arçon de la selle.
Un barril de vi.
Cout. de Moyssac (: Moisac). DOAT, t. CXXVII, fol. 9.
Un baril de vin.
CAT. ESP. PORT. Barril. IT. Barile. (chap. un carretell de vi.)
2. Barrial, s. m., baril.
Mas ve t lai dos barrials a ma sela trossatz.
Roman de Fierabras, v. 954.
Mais te voilà deux barils troussés à ma selle.
ANC. FR.
Douze moutons, un boeuf de gran corsage,
Gras, bien charnu, et six barraux de vin.
Ronsard, t. 1, p. 616.
CAT. Barral.
3. Barllon, s. m., petit baril, barillon.
Un barllon de vin e un pan. V. de S: Honorat.
Un petit baril de vin et un pain.
CAT. Barrilet. IT. Bariglione. (chap. carretellet)
4. Barriqua, s. f., barrique. 
Barriqua de vi blanc.
Tit. de 1498: DOAT, t. CXXVII, fol. 270.
Barrique de vin blanc.
PORT. Barrica. (chap. barrica, pot sé de fusta, carretell, o de llanda com les de valvulina, oli per al motor, etc.)
Barrufaut, s. m., regrattier. (Sous l'Ancien Régime, marchand qui vendait au détail légumes, fruits, épices et surtout le sel des greniers royaux.
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/regrattier/67690 )
E fuy portiers e barrufautz.
Raimond D'avinen: Sirvens suy.
Et je fus portier et regrattier.
(N. E. Barrufet catalán: pitufo, enano, enanito.)

Bart, s. m., tache, marque.
Que sus el cap li farai bart
De cervelh mesclat ab malha.
Bertrand de Born: Un sirventes.
Vu que je lui ferai sur la tête une marque de cervelle broyée avec maillet.

Barta, s. f., hallier, broussailles, bocage.
Cum terris et barta, hoc est silva.
Titre de 1080. Du Cange, t. 1, col. 1052.
El rossinhol aug chantar
El desert autet e clar,
Perque retint la barta.
R. Jordan, vic. de S.-Antonin: Vert son.
J'entends le rossignol chanter au désert haut et clair, c'est pourquoi le hallier retentit.
Si non o fas en barta, en bosc o en boisso.
Izarn: Diguas me tu.
Si tu ne le fais en broussailles, en bois ou en buisson.
ANC. FR. Une tasse de bois ou buisson apelé barte... Li diz bois ou barte.
Tit. de 1316. Carpentier, t. 1, col 477.
Se transporter en certain bois ou bartes.
Lett. de rém., 1409. Carpentier, t. 1, col. 477.
Barutel, s. m., blutoir, tamis.
Voyez Denina, t. III, p. 131.
Semblans es a barutel,
Reten lo lach e laissa 'l ben.
Un troubadour anonyme: De paraulas.
Il est semblable à blutoir, il retient le laid et laisse le bien.
Loc. E menet tan lo barutel,
Que senti si grossa d'enfant.
V. de S. Honorat.
Et elle mena tant le blutoir, qu'elle se sentit grosse d'enfant.
ANC. FR. Il resemblent le buretel...
Qui giète la blanche ferine (: farine, farina, farinha, fariña, harina)
Fors de lui, et retient le bren.
Fabl. et cont. anc. t. II, p. 382.
ANC. CAT. Barutelz. (barutell https://dcvb.iec.cat/results.asp?Word=barutell)
2. Barutelar, v., bluter.
Del mestier ho del uffici de mondar e de barutelar.
Cartulaire de Montpellier, in fine.
Du métier ou de l'office de nettoyer et de bluter.
Part. pas.
Be val vi de tonella e pas barutelatz.
Izarn: Diguas me tu.
Bien vaut vin de tonnelle et pain bluté.
Fig. Cors quan barutela.
P. Cardinal: Un sirventes.
Le coeur quand il s'agite.
ANC. CAT. Barutelar.
3. Barutelaire, Barutelador, s. m., bluteur.
A barutelaires lo portal Nou... Pestres e baruteladors.
Cartulaire de Montpellier, fol. 44 et 45.
A bluteurs le portail Neuf... Boulangers et bluteurs.

Bas, adj., bas, vil, peu considérable.
Voyez Leibnitz, p. 102; Muratori, Diss. 33.
Ans fon hom bas, segon qu'auzem retraire.
Perdigon: Aissi cum selh.
Mais il fut homme peu considérable, ainsi que nous entendons rapporter.
Qu'ieu esgardei domna de tal valor
Que de beutatz fos bass' e de ricor.
Raimond de Miraval: Ben aia 'l.
Vu que je regardai dame de telle valeur qui fût basse de beauté et de richesse.
Adv. De ben haut pot hom bas cazer.
G. Faidit: S'om pogues.
De bien haut on peut bas tomber.
Adv. comp. Era m fait d'aut en bas chazer.
Rambaud de Vaqueiras: No m'agrad.
Maintenant me fait de haut en bas tomber.
E van montan de bas en aut, creissent de mal en pieg.
V. et Vert., fol. 18.
Et vont montant de bas en haut, croissant de mal en pire.
ANC. FR. Bas de stature et de joye et d'esbas,
Bas de savoir, en bas degré nourri.
C. Marot, t. II, p. 89.
ANC. CAT. Bas. CAT. MOD. Bax (baix). ESP. Baxo (bajo).
PORT. Baixo. IT. Basso.
Subst. Ans er al bas tos temps may.
G. Anelier de Toulouse: Ara farai.
Mais il sera au bas toujours davantage.
E de bas puiar contra mon.
G. Faidit: S'om pogues.
Et de bas monter contre mont.
2. Bassament, adv., bassement, en bas.
Mas non s'eschai
Qu'ilh am tan bassamen.
B. de Ventadour: Belh m'es qu'ieu.
Mais il n'échoit pas qu'elle aime si bassement.
Li quatre van en sus detz cordas autamens,
E il quatre van en jos en cantan bassamens.
P. de Corbiac: El nom de.
Les quatre vont en sus dix cordes hautement, et les quatre vont en dessous en chantant en bas.
ANC. FR. Alors disois bassement à part moi.
C. Marot, t. I, p. 315.
CAT. Baxament (baixament). PORT. Baixamente. (ESP. bajamente, en voz baja.) 
3. Basset, adj., basset, abaissé.
Subst. Que cavaliers ai vist e trobadors
Que de bassetz fez auz, e d'auz ausors.
Aimeri: Totz hom. Var. (N. E. Variante de este verso)
Que j'ai vu chevaliers et troubadours que de bassets elle fit hauts, et de hauts plus élevés. (chap. Que yo hay vist caballés y trobadós que de baixets ella ha fet alts, y de alts mes alts.)
ANC. FR. Li quens li fist basseste chiere.
Fabl. et cont. anc, t. IV, p. 379.
Qui en basset lui demanda.
Roman du Chastelain de Couci, v. 2866.
4. Baissura, s. f., abaissement, courbure.
Com fai lo vent la cana tornegar
Que vas totz latz li fai penre baissura.
P. Espagnol: Entre que m. (N. E. Atención al apellido Espagnol, Espanyol, Spanyol, Español, Espanhol, Spagnol, Espagnol, me suena a un país.)
Comme le vent fait tournoyer le roseau, de sorte qu'il lui fait prendre courbure de tous côtés.
ANC. FR.
Mais, s'il te plaist, non obstant sa basseur 
Le recevoir en gré.
C. Marot, t. II, p. 180.
ANC. CAT. Baxura.
5. Baisseza, s. f., bassesse, abaissement.
Fai lo solelhs autre cami per declinamen
del firmamen segon sa baisseza e sa alteza.
Liv. de Sydrac, fol. 72.
Le soleil fait un autre chemin par la déclinaison du firmament selon son abaissement ou son élévation.
CAT. Baxesa (baixesa). ESP. Baxeza (bajeza). PORT. Baixeza. IT. Bassezza.
6. Baysshamen, s. m., abaissement.
Elevatios de votz se fay per forsa, e baysshamens per si meteysh.
Leys d'amors, fol. 9.
L'élévation de la voix se fait par force, et l'abaissement par soi-même.
IT. Bassamento.
7. Baissar, v., baisser, abaisser, abattre.
Quan per me baisset sa benda.
Guillaume de Balaun: Mon vers mov.
Quand pour moi elle abaissa son bandeau.
Anc per mi non fon derrocatz,
Mas be 'n fi baissar un canton.
Guillaume de Baux: En Gui a tort.
Oncques par moi il ne fut détruit, mais j'en fis bien abattre un coin.
Fig. Car qui be vol baissar ni frevolhir
Sos enemics, bos amics deu chauzir.
B. Arnaud de Montcuc: Anc mais.
Car qui veut bien abaisser et affaiblir ses ennemis, doit choisir de bons amis.
Quar cobeytatz los vay vensen,
Don proeza s baissa e s cofon.
G. Anelier de Toulouse: Ara farai.
Car convoitise les va vainquant, d'où prouesse se baisse et se confond.
CAT. (baixar) ESP. (bajar) PORT. Baxar. IT. Bassare.
8. Abais, s. m., abaissement, décadence.
Dels tortz que las donas fan,
Torna domneis en abais.
Raimond de Miraval: Tot sel que.
Par les torts que les dames font, galanterie tourne en abaissement.
9. Abaissamen, s. m., abaissement, décadence.
L'us es abaissamens
E l'autre creyssensa.
Pierre d'Auvergne: L'airs clars.
L'un est abaissement et l'autre croissance.
Tost torna en abaissament gloria d'orgolios.
Trad. de Bède, fol. 4.
La gloire d'orgueilleux tourne bientôt en abaissement.
ANC. CAT. Abaxament. ESP. Abaxiamento (abajamiento, decaimiento).
PORT. Abeixamento. IT. Abbassamento.
10. Abaisseza, s. f., abaissement, décadence.
A la razo de nostra abaisseza. Liv. de Sydrac, fol. 72.
A la raison de notre abaissement.
11. Abayssador, s. m., abaisseur, qui abaisse.
Li lauzengier e 'ls fals devinador,
Abayssador de joy e de joven.
Claire d'Anduze: En greu.
Les médisants et les faux conjectureurs, abaisseurs de joie et de plaisir.
CAT. Baxador, abaxador (abaixador).
12. Abaissar, v., abaisser, rabaisser, humilier, déprimer.
Soven la vau entr'els melhors blasman,
Et en mos ditz totz sos affars abays.
B. de Ventadour: Quan la fuelha.
Souvent je la vais blâmant entre les meilleurs, et dans mes propos rabaisse toutes ses qualités.
Quec jorn afinisc e abais
Qu'ira no m pot del cor yssir.
Gavaudan le Vieux: Crezens fis.
Chaque jour finit et baisse que la tristesse ne me peut sortir du coeur.
CAT. (abaixar) ESP. (abajar, bajar, rebajar, humillar, deprimir) Abaxar. PORT. Abaixar. IT. Abbassare.
13. Sobrebas, adj., très bas.
De sobrebas estamen. Leys d'amors, fol. 54.
De très bas état.

Basclos, s. m., vaurien, souteneur, routier, chenapan.
Ges no m platz compaingna de basclos
Ni de las putanas venaus.
Bertrand de Born: Ar ven la.
Point ne me plaît la compagnie des souteneurs ni des prostituées vénales.
Mal vos tenem per asertuc
D'armas en la ost dels basclos.
Bertrand de Born: Maitolin.
Nous vous tenons pour mal assuré d'armes en l'armée des chenapans.

Basilica, s. f., basilique.
De la vena basilica, laqual es una de tres venas, etc.
Trad. d'Albucasis, fol. 50.
De la veine basilique, laquelle est une des trois veines, etc.
IT. Basilica. (N. E. ESP. vena basílica, vena basílica, f. Anat. vena del brazo situada en la cara interna de este y que se aprecia especialmente por encima del codo. RAE.)

Basilicon, s. m., basilicon.
Am enguent basilicon.
Trad. d'Albucasis, fol. 14.
Avec onguent basilicon.
CAT. ESP. Basilicon (basilicón). IT. Basilico.

Basilisc, Basilesc, s. m., lat. basiliscus, basilic.
Vere de bazilisc es tan fort que, totas herbas sobre lasquals bazilisc passa, uscla. Eluc. de las propr., fol. 102.
Le venin de basilic est si fort que, toutes les herbes sur lesquelles le basilic passe, il les brûle.
Co'l basilesc, qu'ab joi s'anet aucir,
Quant el miral se remiret e s vi.
Aimeri de Peguilain: Si com.
Comme le basilic, qui avec joie alla s'occire, quand il se mira et se vit au miroir.
ANC. CAT. Basilisc. ESP. PORT. IT. Basilisco.
(N. E. Ver Aspic, Aspis, “Del uou d' aspic naysh basilic.”
Eluc. de las propr., fol. 277.)

Bast, s. m., du grec *gr, bât.
Bestias ab cela ni ab bast. 
Tit. du XIVe sièc. DOAT, t. XCIII, fol. 261.
Bêtes avec selle et avec bât.
Prov. Cascun en aissi
Troba gens de son bas, (: bast)
Car greu veiretz amas
Far de fols ab senatz.
G. Riquier: A penas.
Ainsi chacun trouve gens de son bât, car difficilement vous verrez faire amas de fous avec sensés.
CAT. Bast. ESP. (de un mismo palo, basto) IT. Basto.
2. Bastar, v., bâter.
Part. pas. Poli, en aquest temps, non es per cargas greviat, bastat.
Eluc. de las propr., fol. 246.
Poulain, en ce temps, n'est point accablé, bâté pour fardeaux.
ANC. CAT. Bastar. (N. E. Bastaix, com Bernat Estanyol, vore mes aball bastays, bastay)
3. Enbastar, v., bâter, embâter.
E pueys ell tantost enbastet
La 'ga que Maria portet. (N. E 'ga : ega : euga : egua : yegua; somera, burra según otros textos.) 
Trad. d'un Évangile apocryphe.
Et puis il embâta aussitôt la cavale qui porta Marie.
IT. Imbastare.
4. Bastier, s. m., bâtier, faiseur de bâts.
A bastiers lo portal del Peiron... De l'escala del dijous son bastiers.
Cartulaire de Montpellier, fol. 44 et 45.
Aux bâtiers le portail du Peiron...De la garde du jeudi sont les bâtiers.
- Adj., qui porte bât, portant le bât.
Aiatz rossin bastier.
Arnaud de Marsan: Qui comte.
Ayez roussin portant bât.
CAT. Baster. ESP. Bastero. IT. Bastiere.
5. Bastays, s. m., crocheteur, portefaix.
Ans anaras a guisa de bastays.
T. de Thomas et de Bernardo: Bernardo.
Mais tu iras à guise de crocheteur.
I bastays cargatz
Sol d'estrelis de nov fargatz.
V. de S. Alexis.
Un portefaix chargé seulement de sterlings nouvellement fabriqués.
ANC. CAT. Bastay. ESP. Bastage (portador, porta fardos). 
IT. Bastagio.

Bastar, v., suffire, pourvoir.
Voyez Muratori, Diss. 33.
Nostra tenzos pot ben hueimais bastar.
T. de troubadours anonymes: Amics privatz.
Notre tenson peut bien désormais suffire.
Basta que aquel veia tas almornas e tos bes de qui ne esperes esser gazardonatz. V. et Vert., fol. 81.
Il suffit que celui-là voie tes aumônes et tes bienfaits de qui tu espères en être récompensé.
Part. prés. Lo frevol entendemens
D'ome viven non es bastans...
A conoisser la veritat.
Brev. d' amor, fol. 7.
Le faible entendement d'homme vivant n'est pas suffisant...à connaître la vérité.
Part. pas. Que d'aver sui ricx e bastatz.
J. Esteve de Beziers: L'autr'ier el gay.
Que je suis riche et pourvu de biens.
ANC. FR. Mes forces ne sont pas bastantes pour un tel dessein.
Camus Du Belley, Diversités, t. II, fol. 465.
CAT. ESP. PORT. Bastar. IT. Bastare.
2. Abastar, v., suffire, pourvoir, abonder.
Quar non pot abastar lunhs sens
A aquel dupte declarar.
Brev. d'amor, fol. 9.
Car nul sens ne peut suffire à éclaircir ce doute.
CC derniers de pan non abastarian. (derniers: deniers : diners)
Trad. du Nouv. Test. S. Jean, cap. 6.
Deux cents deniers de pain ne suffiraient pas.
(ESP. Doscientos dineros de pan no serían suficientes.)
Part. pas.
Ab pauc no m part de Dieu ma esperansa.
Pusqu'els fals son abastat e manen.
P. Cardinal: Totz lo mons.
Peu s'en faut que je ne détache de Dieu mon espérance, puisque les hypocrites sont pourvus et riches.
CAT. ANC. ESP. Abastar. PORT. Abastar.
3. Abastamen, s. m., suffisance, abondance.
Ans se tenon tot quant es a nien,
Sol que aion d'aver abastamen.
R. Gaucelm de Beziers: Dieus m'a.
Mais ils tiennent tout ce qui est pour rien, pourvu qu'ils aient abondance de richesses.
Pus que n'havem abastamen.
Leys d'amors, fol. 151.
Puisque nous en avons suffisance.
ANC. CAT. Bastamen (bastament). ANC. ESP. Abastamiento (abasto, suficiencia, abundancia).

Bastard, s. m., bâtard.
Voyez Leibnitz, p. 102.
El fon filz a un mal bastard.
Un troubadour anonyme, Coblas esparsas.
Il fut fils à un méchant bâtard.
ANC. FR. 
N'apelent pas droit eir celui qui fiert son père,
Ains l'apelent bastart, si fet honte à sa mère.
Fabl. et cont. anc., t. II, p. 442.
- Fig., homme de peu.
Mot bastart me son ara valen
A mon trobar e 'l baro desplazen.
P. Bremond Ricas Novas: Un sirventes.
Beaucoup de gens de peu me sont maintenant favorables à mon trouver, et les barons déplaisants.
ANC. FR. Et que ces plaisirs-là sont seuls propres à l'ame, et les autres sont bastards et estrangers qui sont attachés au corps.
Amyot, trad. de Plutarque, Morales, t. 1, p. 218.
- Adj., illégitime.
Fig. Ab motz amaribotz, bastartz.
Pierre d'Auvergne: Chantarai.
Avec mots amers, bâtards.
Mas la falsa via bastarsa
Que sec la gent, qu'el fuec fos arsa.
Un troubadour anonyme: Senior vos que.
Mais la fausse voie illégitime que suit la gent, que fût-elle brûlée au feu.
ANC. FR. Il gaigne et attire à soy la commune, laquelle enfin vient à cognoistre que toutes les flatteries, attraits et allechement des autres ne sont que faux appast et amorses bastardes.
Amyot, trad. de Plutarque, Morales, t. III, p. 198.
CAT. Bastard. ESP. PORT. IT. Bastardo. (chap. fill bort)
2. Bastardos, s. m., petit bâtard.
E li fals clergue renegat
Cuidan dezeretar Colrat
Per donar a lors bastardos.
Boniface de Castellane: Era pueis.
Et les faux clercs renégats croient déshériter Conrad pour donner à leurs petits bâtards.
IT. Bastardello. (ESP. Bastardillo, en Lope de Vega.)
3. Bastarda, s. f., bâtarde.
Si alcuns confessara alcun bastart o bastarda son enfan esser. 
Statuts de Montpellier de 1205.
Si quelqu'un avouera quelque bâtard ou bâtarde être son enfant.
4. Abastardir, v., abâtardir.
Part. pas. Totas las abadias antiguas ero en aisi abastardidas.
(chap. Totes les abadíes antigues estaben aixina abastardides.) 
Cat. dels apost. de Roma, fol. 126.
Toutes les antiques abbayes étaient ainsi abâtardies.
ANC. ESP. Abastardar.
5. Enbastardir, v., abâtardir.
Nuls hom gentils que an' enbastarden
Son lignatge per aur ni per argen.
Sordel: Qui se membra.
Nul homme gentil qui aille abâtardissant sa lignée pour or ni pour argent.
ANC. CAT. Embastardir. IT. Imbastardire. (ESP. bastardear.)

Bastir, v., bâtir, former, créer, établir, composer.
Voyez Muratori, Diss. 26.
Quan tolh las autrui heretatz,
Ni bast castelhs, tors ni pares. (pares : parets)
Pons de Capdueil: En honor.
Quand il enlève les héritages d'autrui et bâtit châteaux, tours et murs.
Car ses la decima non es
Us tant caut qu'en armes un lenh,
Ni 'n bastis trabuquet ni genh.
P. de Vilar: Sendatz vermelhs.
Car sans la dîme il n'en est pas un si chaud qui en armât un vaisseau, ni en fabriquât trébuchet ni machine.
Et anc pus lo mons fo bastits.
Rambaud de Vaqueiras: No m'agrad.
Et oncques depuis que le monde fut créé.
Fig. Entr'els viratz tal guerra bastir e comensar.
Roman de Fierabras, v. 3375.
Vous verriez entre eux établir et commencer une telle guerre.
Vuoill un nov sirventes bastir.
G. Faidit: Ab nov.
Je veux composer un nouveau sirvente.
Part. pas. Auzatz un romanz bon e bel,
Bastit de joi fin e novel.
Un troubadour anonyme: Senior vos que.
Écoutez un roman bon et beau, composé de joie pure et nouvelle.
ANC. FR. En el bos sunt agait basti.
Roman du Renart, t. IV, p. 365.
Ceulx qui bastissent une tyrannie.
Amyot, trad. de Plutarque, Vie de Camille.
ANC. CAT. ANC. ESP. Bastir. ANC. IT. Bastire.
2. Bastit, s. m., édifice.
Onrret e emendet lo reaume de motz bastitz.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 136.
Il embellit et répara le royaume de plusieurs édifices.
3. Bastiment, s. m., bâtiment, bâtisse.
Et aqui eis fan bastiment
Per vilans tolre a lor segnor.
Arnaud de Cominge: Be m plai.
Et là même ils font bâtiment pour enlever vilains à leur seigneur.
ANC. CAT. Bastiment. ANC. ESP. Bastimento.
4. Bastida, s. f., bastide, métairie où il y a un logement.
La bastida d'En Gaillard, etc.
Tit. de 1276. DOAT, t. CVI, fol. 374.
La bastide du seigneur Gaillard, etc.
- Fortification, bastille.
E pois pres la bastida. Guillaume de Tudela.
Et puis il prit la bastille.
5. Bastizo, s. f., bâtiment, maison.
Chassatz d'ort et de bastizo.
G. Adhemar: Be m'agr' ops.
Chassé de jardin et de bâtiment.
6. Bastio, s. m., bastion, fortification.
Que faza gacha ni bastio.
Tit. de 1238. DOAT, t. CXLIX, fol. 3.
Qui fasse vedette ni bastion.
7. Bastidor, s. m., bâtisseur, maçon.
D'autres n'i a bastidors
Que fan portals e bestors.
Bertrand de Born: S'abrils.
Il y en a d'autres bâtisseurs qui font portails et fortifications.
ANC. FR. Les beaulx bastisseurs nouveaulx.
Rabelais, liv. III, ch. 6.
Un seul Dieu bastisseur de la machine ronde.
F. P. Crespet, Vie de S. Catherine.
8. Debastir, Desbastir, v., démolir, débâtir, renverser.
E com l'uns aura bastit, l'autre debasta. (N. E. devastar : des + bastir)
Un troubadour anonyme, Coblas esparsas.
Et quand l'un aura bâti, que l'autre démolisse.
Aitals semblon lo fol que bastia d'una part sa mayo et desbastia d'autra part. V. et Vert., fol. 82.
Tels ressemblent au fou qui bâtissait d'une part sa maison et débâtissait d'autre part.
9. Rebastir., v., rebâtir.
Part. pas. Motz mostiers foro rebastitz.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 135.
Plusieurs monastères furent rebâtis.

Baston, s. m., bâton, lance, plusieurs sortes d'armes.
Voyez Denina, t. I, p. 334.
E sa lanza sera uns loncs bastos.
Lanza: Emperador.
Et sa lance sera un long bâton.
Per lairement dels chas et per lo basto del pastor.
Trad. de Bède, fol. 55.
Par l'aboi des chiens et par le bâton du berger.
Loc. D'aquestas mas fo culhitz lo bastos
Ab que m'aucis la plus belha qu'anc fos.
B. de Ventadour: Belhs Monruelhs.
De ces mains fut cueilli le bâton avec lequel la plus belle qui fut oncques me tue.
Com batalhiers qu'a perdut son basto,
Que jai nafratz sotz l'autre campio.
G. Magret: En aissi m.
Comme batailleur qui a perdu son bâton, qui gît blessé sous l'autre champion.
No podon ni devon metre sergent ni hostages ni basto senhoril sobre lors bes. Tit. de 1294. DOAT, t. XCVII, fol. 255.
Ne peuvent ni ne doivent mettre sergent ni ôtages ni bâton seigneurial sur leurs biens.
Loc. L'escut e 'l basto vuelh rendre,
E m vuelh per vencut clamar,
Ans que ves domna defendre
M'avenha ni guerreiar.
B. de Ventadour: Leu chansoneta.
Je veux rendre l'écu et la lance, et me veux crier pour vaincu, avant qu'il m'arrive de me défendre ni de guerroyer contre une dame.
Frances menan baten un gran trayt de basto.
Roman de Fierabras, v. 4739.
Ils mènent battant les Français un grand trait de bâton.
CAT. Bastó. ESP. Bastón. PORT. Bastão. IT. Bastone.
- Couplet, stance.
En lo ters basto d'una o de motas acordansas.
Leys d'amors, fol. 112.
Au troisième couplet d'une ou de plusieurs accordances.
2. Bastonal, adj., de stance.
D'una pauza bastonal, semblan per acort a la final acordansa.
Pauzas bastonals son en lo mieg de lor.
Leys d'amors, fol. 113 et 116.
D'une pause de stance, semblable par l'accord à la finale accordance.
Pauses de stance sont au milieu d'eux.
3. Bastonet, s. m., petit bâton, bâtonnet.
Et aquist comtador menut
Ne porton ades bastonetz.
Deudes de Prades, Auz. cass.
Et ces petits conteurs en portent maintenant des bâtonnets.
CAT. Bastonet. IT. Bastoncello. (ESP. Bastoncillo.)
- Petits couplets.
Bordonetz... o bastos o bastonetz.
Leys d'amors, fol. 13.
Vers... ou couplets ou petits couplets.
4. Bastonada, s. f., bastonnade.
Colps, maldigz e bastonadas.
Leys d'amors, fol. 39.
Coups, mauvais propos et bastonnades.
CAT. ESP. Bastonada. (bastonazo, garrotazo) IT. Bastonata. 
(chap. garrotada en un garrot, gayatada o gallatada en una gayata o gallata.)
5. Embastonar, v., armer, équiper, garnir.
Part. pas. Cinq cens cavaliers... gens faict, ben armats et embastonats.
Chronique des Albigeois, col. 38.
Cinq cents cavaliers... gentîment faits, bien armés et équipés.
ANC. FR.
Afin que chacun d'eux fussent embastonnez, que chacun se pourveust de
cours maillets de plomb ou de fer à poinctes et de lances, etc.
Monstrelet, t. II, fol. 130.
Tant les maistres que lesdits valets sont toujours embastonnez et garnis d'espées, poignards et autres bastons.
Arrests d'amour, p. 869.

Batelh, s. m., sax. Bat, bateau.
E no y podia hom intrar mas am un batelh.
Roman de la Prise de Jérusalem, fol. 23.
Et on n'y pouvait entrer qu'avec un bateau.
ANC. FR. Ne nef ne batel n'i aveit.
Deuxième trad. du Chastoiement, cont. 10.
Batel avez et nef et vent.
Partonopex de Blois, not. des Ms., t. IX, p. 41.
ANC. CAT. Batell. ESP. Batel. PORT. Bote. IT. Batello, battello.

Batre, v., battre, frapper.
Voyez Aldrete, p. 199; Muratori, Diss. 33; Denina, t. II, p. 333; Ménage, etc.
Que bati fer freg ab martel.
Deudes de Prades: En un sonet.
Que je bats fer froid avec marteau.
En cort de rey mi baton li portier.
Bertrand de Born: Ieu m'escondisc.
En cour de roi les portiers me battent.
Sa pluma li trembla e ill bat.
Deudes de Prades, Auz. cass.
Sa plume lui tremble et lui bat.
Subst. Lo rey demanda: Deu hom castiar
femna ab batre, cant ela mesfai?
Liv. de Sydrac, fol. 35.
Le roi demande: Doit-on châtier femme avec battre, quand elle méfait?
- Affliger, tourmenter.
Dieus bat en aquest segle cels cui aparelia salut. (eternal)
Trad. de Bède, fol. 68.
Dieu afflige en ce siècle ceux à qui il prépare salut. (éternelle)
Quan la malautia 'l bat,
Fan li far donatio.
P. Cardinal: Tartarassa.
Quand la maladie le tourmente, ils lui font faire donation.
- Combattre.
Aissi bat frevols contra fort.
Rambaud de Vaqueiras: Los frevols.
Ainsi le faible combat contre le fort.
- En parlant des monnaies.
Totas monedas d'aur e d'argent que lo rey fara battre et auran cors.
Tit. de 1424. Hist. de Languedoc, t. IV, pr., col. 426.
(chap. Totes les monedes d'or y de plata, d'argén, que lo rey fará batre y correrán, tindrán curs.)
Toutes monnaies d'or et d'argent que le roi fera battre et qui auront cours.
Part. prés. loc.
Li messatge s'en van tost et isnelament,
Al plus tost que ilh pogron, a Roma bat baten.
Guillaume de Tudela.
Les messagers s'en vont tôt et rapidement, au plus vite qu'ils pussent, à Rome en toute hâte.
Part. pas. Ab l'englut
D'un ov batut.
Augier: Era quan.
Avec le blanc d'un oeuf battu.
(chap. En la clara d'un ou batut.) 
Tot fo ben d'aur batut. Roman de Fierabras, v. 153.
Tout fut bien d'or battu.
Adv. comp. Elh venc vays elh a cors batut. Philomena.
Il vint vers lui à course abattue.
CAT. Batrer. ANC. ESP. Bater. ESP. MOD. Batir. PORT. Bater. IT. Battere. (chap. Batre.)
2. Batalh, s. m., battant.
Guillems de Gordon, fort batalh
Avetz mes dins vostre sonhal.
Bertrand de Born: Un sirventes.
Guillaume de Gourdon, vous avez mis fort battant dans votre clochette.
Segurs es de gran batalha,
Com es lo senhs del batalh.
Gavaudan le Vieux: Lo vers deg.
Il est sûr de grand frappement, comme est la cloche du battant.
ANC. FR. Le batail estoit d'une queue de renard.
(Chap. Lo batall ere de una coa de rabosa.)
Rabelais, liv. V, ch. 27.
Sommeillant, s'éveille au bruit
De ton batail.
B. Belleau, t. II, fol. 69.
CAT. Batall. ESP. Badajo. PORT. Badalo. IT. Battaglio.
- Cliquet du moulin.
Non podon una hora calar com fay lo batal del moli.
(chap. No poden una hora callá com fa lo batá del molí.
ESP. No pueden una hora callar como hace el batán del molino.)
V. et Vert., fol. 22.
Ils ne peuvent s'arrêter une heure comme fait le cliquet du moulin.
3. Batut, s. m., chemin battu, sentier. 
Non y a boscatges,
Ni pratz, ni vergiers, ni batutz.
Folquet de Lunel: El nom del.
Il n'y a bocages, ni prés, ni vergers, ni sentiers.
(chap. No ñan ni bosques, ni prats, ni vergés ni camins batuts.)
4. Batemens, s. m., battement, coup, frappement.
Qu'aissi m ten en fre et en paor,
Com lo girfalcx, quant a son crit levat,
Fai la grua, que tan la desnatura,
Ab sol son crit, ses autre batemen,
La fai cazer, e ses tornas la pren.
P. de Cols d'Aorlac: Si quo 'l solhelhs. (solheilhs y variantes)
Ainsi elle me tient en frein et en peur, comme le gerfaut fait la grue,
quand il a poussé son cri, car tant il la déconcerte avec son seul cri, sans autre coup, qu'il la fait choir, et la prend sans débat.
Per batemen de pe o de ma.
Ord. des R. de Fr., 1463, t. XVI, p. 127.
(chap. Per cop, batimén, de peu o de ma.)
Par frappements de pied ou de main.
Si lo fraire no s'esmenda per soen castiar ni per escumenio, hom hi deu ajustar batemens.
Trad. de la règle de S. Benoît, fol. 15.
Si le frère ne se corrige par le souvent reprendre ni par excommunication, on doit y ajouter frappements. 
Fig. Lo batemens de Deu es dobles: l'us per que sem batut en la charn, per so que esmendem, et l'autre batemens es can sem nafrat en la coscienca de charitat. Trad. de Bède, fol. 68.
Le battement de Dieu est double: l'un par lequel nous sommes battus en la chair, afin que nous nous amendions, et l'autre battement est quand nous sommes blessés en la conscience de charité.
CAT. Batiment. ANC. ESP. Batimiento. PORT. Batimento. IT. Battimento.
5. Batezos, s. f., châtiment, correction.
Una batezos i es atenduda, que comensa en aquest segle.
Damnat en la durabla batezo.
Trad. de Bède, fol. 68.
Un châtiment qui commence en ce monde, y est attendu.
Condamné en l'éternel châtiment.
6. Batige, s. m., battement, agitation.
Desotz el pe un' autra n'a
Que per batiges trencara.
Deudes de Prades, Auz. cass.
Sous le pied il en a une autre qui par battement se tranchera.
7. Batestau, s. m., dispute, querelle.
Amicx, fas elha, gilos brau
An comensat tal batestau
Que sera greus a departir.
G. Rudel: Pro ai del.
Ami, fait-elle, les méchants jaloux ont commencé telle dispute qui sera difficile à démêler.
ANC. FR. Or escoutez le batestal.
Roman du Renart, t. 1, p. 255.
8. Batedor, s. m., battoir, fléau.
E fo batutz lo Redemptors
Tot entorn ab grans batedors.
Brev. d'amor, fol. 167.
Et le Rédempteur fut battu tout autour avec grands battoirs.
9. Bateyre, Batedor, s. m., batteur.
Dels batedors que fero e bato tan fort coma lo favres bat lo fer.
Liv. de Sydrac, fol. 97.
(Chap. Dels batedós o batidós que peguen y batixen tan fort com lo fabre batix lo ferro.)
Des batteurs qui frappent et battent aussi fort comme le forgeron bat le fer.
- Celui qui bat le blé.
Bateyre tenent un flagel.
Eluc. de las propr., fol. 125.
Batteur tenant un fléau.
Per que penho li penhedor
Aost a lei de batedor.
Brev. d'amor, fol. 47.
Cest pourquoi les peintres peignent août à manière de batteur.
ANC. CAT. Batedor. ESP. Batidor. PORT. Batedor. IT. Battitore.
10. Batalhar, v., batailler, débattre, combattre, fortifier.
Non agro cura de batalhar... quar tota nostra compaynha es lassa.
Philomena.
Ils n'auraient souci de combattre... car toute notre compagnie est lasse.
Fig. Serque las escripturas e lhiga els libres soen, e retenha e son coratge so que ligira, e e memoria batalhe totz jorns am lor, e fassa tan que los vensa e meta al desotz. Liv. de Sydrac, fol. 109.
Qu'il cherche les écritures et lise les livres souvent, et retienne en son coeur ce qu'il lira, et qu'en sa mémoire il débatte toujours avec eux, et fasse tant qu'il les vainque et les mette au-dessous.
Part. pas. De bels murs batalhatz, dentelhatz.
Giraud de Borneil: Si per non.
De beaux murs fortifiés, crénelés.
Que sol la man de nostre Senhor s'era batalhada contra Amalec.
Hist. abr. de la Bible, fol. 31.
Que seulement la main de notre Seigneur s'était combattue contre Amalec.
ANC. CAT. ESP. Batallar. PORT. Batalhar. IT. Battagliare.
11. Batalha, s. f., combat, bataille, dispute.
Aissi com cel que a batalha aramida.
Perdigon: Tot temps mi.
Ainsi comme celui qui a bataille indiquée.
Tot m'a vencut a forsa, ses batailla.
B. de Ventadour: Per mieills.
Elle m'a entièrement vaincu à force, sans combat.
Qu'en home fan tot l'an batalha
Tres vizis contra tres vertutz.
G. Olivier d'Arles, Coblas triadas.
Que toute l'année en l'homme trois vices font bataille contre trois vertus.
- Bataillon, corps d'armée.
Las batalhas s'aprochan per un camp plan.
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 80.
Les bataillons s'approchent par un champ plain.
Li dui vescomt... et es lor tart
Que siatz en lor batalha.
Bertrand de Born: Un sirventes.
Les deux vicomtes... et il leur est tard que vous soyez en leur corps d'armée.
La dezena escala lo rey Sant-Denis;
En cascuna batalha a X melia Frances.
Roman de Fierabras, v. 4617.
Le dixième corps de troupes, le roi de Saint-Denis; en chaque bataille il y a dix mille Français.
ANC. FR. Et chevaucha à tote sa bataille encontre les fuyant.
Ville-Hardouin, p. 149.
Quatre batailles firent li chrestien de toute leur gent, et Sarrazin V.
Rec. des Hist. de Fr., t. V, p. 292.
Et le lendemain au matin ordonna le roi d'Angleterre ses batailles.
Œuvres d'Alain Chartier, p. 33.
ANC. CAT. ESP. Batalla. PORT. Batalha. IT. Battaglia.
12. Bataria, s. f., rixe, batterie.
A aguda gran bataria entre las gens de la dita vila e las gens del conte.
Chronique des Albigeois, col. 80.
Il y a eu grande batterie entre les gens de la ville et les gens du comte.
CAT. Bateria. ESP. Batería. PORT. Bataria. IT. Batteria.
13. Batalhier, Batalhador, s. m., champion, disputeur, adversaire.
E dirai vos batalhier
Que us vensera, mas no fier.
P. Durand: Una dona ai.
Et je vous nommerai un champion qui vous vaincra, mais il ne frappe pas.
Utils so a batalhadors per audacia exitar.
Eluc. de las propr., fol. 239.
Sont utiles aux combattants pour exciter l'audace.
Disent: Si negun batalher es en l'ost d'Israel que vuelha combatre.
Hist. abr. de la Bible, fol. 38.
Disant: Si aucun combattant est en l'armée d'Israël qui veuille combattre.
Contra la carn e 'l mont e 'ls autres bataylliers.
V. de S. Honorat.
Contre la chair et le monde et les autres adversaires.
Adjectiv. Orgolhos e gueregaire,
Batalhiers, et engres de mal faire.
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 86.Orgueilleux et guerroyeur, batailleur, et avide de mal faire.
Un calabre que trenca e brisa e fier
Lo portal de la Vinha e lo mur batalhier.
Guillaume de Tudela.
Une catapulte qui tranche et brise et frappe le portail de la Vigne et le mur défenseur.
ANC. FR. Les batailleurs du peuple de Dieu enchassoient leurs ennemis, quand Moyse levoit ses mains aux cieux. (N. E. en chapurriau, enchassoient : acassaben o acassáen, verbo acassá.)
Œuvres d'Alain Chartier, p. 383.
ANC. CAT. Bataller. ESP. Batallador. PORT. Batalhador. IT. Battagliatore.
14. Batalhairitz, s. f., combattante.
E foro fortunadas batalhairitz.
Eluc. de las propr., fol. 164.
Et furent heureuses combattantes.
ANC. FR. Celle gent, fiere bateilleresse.
Rec. des Hist. de Fr., t. V, p. 242.
Carthage la batailleresse.
Œuvres d'Alain Chartier, p. 404.
ANC. CAT. Batallera. IT. Battagliera. (ESP. chap. Batalladora.)
15. Abatalhar, v., batailler, combattre.
Tota nostra compaynha es lassa, e val mays que sian pausatz per mielhs abatalhar. Philomena.
Toute notre compagnie est lasse, et il vaut mieux qu'ils soient reposés pour mieux combattre.
16. Abatre, v., renverser, abattre, vaincre.
Es aissy coma un fruhs madurs e poiritz, cant un paux de vens lo toca,
si l' abat a terra. Liv. de Sydrac, fol. 78.
Il est ainsi qu'un fruit mûr et pourri, quand un peu de vent le touche,
aussitôt il l'abat à terre.
So es la mortz qu'els abat.
P. Cardinal: Tartarassa.
C'est la mort qui les abat.
Na Beatrix cuion de pretz abatre;
Mas non lur val, s'eran per una quatre.
Rambaud de Vaqueiras: Truan mala.
Elles pensent renverser de son mérite dame Béatrix; mais ne leur profite, même seraient-elles quatre pour une.
Retener no m puesc ges mon voler ni abatre.
(chap. Retindre no me puc gens lo meu volé ni abatre)
G. de S.-Didier: Pus tan mi.
Je ne me puis nullement retenir ni vaincre mon vouloir.
Quan eu abat ni soi abatuz. Aimeri de Peguilain: Can qu'eu.
Quand j'abats et je suis abattu.
Adonc s'abat el plus prion.
B. de Ventadour: Ab cor.
Alors il s'abat au plus profond.
Part. pas. E trobet lo abatut en terra.
Roman de la Prise de Jérusalem, fol. 10.
Et il le trouva renversé en terre.
Adv. comp. A cors abatut.
Giraud de Borneil: Ara si m fos.
A course abattue.
ANC. FR. Et abatut à terre. Chronique de Cambray.
- Rabattre.
Quar cascus jorn, ses re abatre,
Comta de oras XX e quatre.
Brev. d'amor, fol. 43.
Car chaque jour, sans rien rabattre, compte d'heures vingt et quatre.
CAT. Abatrer. ESP. Abatir. PORT. Abater. IT. Abbattere. (chap. Abatre: abatixgo o abatixco, abatixes, abatix, abatim, abatiu, abatixen.)
17. Abatemen, s. m., chute, renversement.
Mil ans que foro del abatemen del diable en juscas Adam. 
(N. E. en juscas : jusques à, jusqu'à : hasta : fins)
Liv. de Sydrac, fol. 22.
Mille ans qui furent de la chute du diable jusques à Adam.
CAT. Abatiment. ESP. Abatimiento. PORT. Abatimento. IT. Abbattimento.
18. Abatament, s. m., déduction, rabattement.
En solta, paga, deduction, et abatamen de tres milia, etc. En paga et abatement.
Tit. de 1310. DOAT, t. CLXXIX, fol. 228 et 223.
En soulte, paie, déduction et rabattement de trois mille, etc. 
En paie et déduction.
19. Combattre, v., combattre, battre, débattre.
Que no us n'auses combatre. Titre de 960.
Qui ne vous en osât combattre.
De totas partz comenson a combattre.
Rambaud de Vaqueiras: Truan mala.
De toutes parts commencent à combattre.
Reis qui per son dreig si combat. Bertrand de Born: Ieu chant.
Roi qui se bat pour son droit.
Selh que ab Dieu se combat. P. Cardinal: Tartarassa.
Celui qui se combat avec Dieu.
O en perga combat. Deudes de Prades, Auz. cass.
Ou se débat sur la perche.
ANC. FR. Apres ces victoires que Narsetes ot eues se combati contre Sisuliud, le roi des Gepidiens.
Rec. des Hist. de Fr., t. III, p. 202.
Vilains, dont te vient herdement, (: hardiment)
Que tu te veus à moi combatre?
Fabl. et cont. anc., t. III, p. 307.
CAT. Combatrer. ESP. Combatir. PORT. Combater. IT. Combattere.
On voit que les troubadours disaient SE combattre, forme restée dans les autres langues de l'Europe latine. (ESP. combatirse; chap. combatre's o combatís : combatí's)
20. Combatemen, s. m., combat, attaque.
Grans combatemens de villas et de castels.
Hist. abr. de la Bible, fol. 46.
Grandes attaques de villes et de châteaux.
ANC. FR. Combatemens de chastiaux.
Lett. de rém., 1342. Carpentier, t. 1, col. 1033.
ANC. CAT. Combatiment. ANC. ESP. Combatimiento (combate). 
IT. Combattimento.
21. Combatedor, s. m., combattant, assaillant.
Trop son li combatedor
E pauc li defendedor.
Aimeri de Peguilain: Li fol e 'l. 
Les assaillants sont beaucoup et les défenseurs peu.
ANC. FR.
De boens cumbateors plains de grant hardement.
As cumbateors fist de lor pechiez pardon.
Roman de Rou, v. 1066 et 1617.
Mainte eschielle de combatteurs rassembla.
Rec. des Hist. de Fr., t. V, p. 289.
ESP. Combatidor. IT. Combattitore. (chap. combatidó, assaltadó, luchadó)
22. Escombatre, v., dompter, vaincre.
Retener no m puesc ges mon voler ni abatre
Qu'ades l'am mielhs e mais, e no m puesc escombatre.
G. de S.-Didier: Pus tan mi.
Je ne me puis nullement retenir ni vaincre mon vouloir, vu que je l'aime toujours mieux et plus, et je ne me puis dompter.
23. Desbatre, Debatre, v., débattre, démener, agiter, quereller.
Trop m'a fait en fols plais mos fols volers desbatre.
G. de S.-Didier: Pus tan mi.
Mon fol vouloir m'a fait trop débattre en folles querelles.
Sobre las alas lo penra,
Car en aissi no s debatra.
Deudes de Prades, Auz. cass.
Sur les ailes il le prendra, car ainsi il ne se débattra pas.
Ben chan, qui que s'en debata,
De lauzengiers qu'an joi baissat.
Rambaud d'Orange: Als durs crus.
Qui que ce soit qui s'en agite, je chante bien contre les médisants qui ont abaissé la joie.
Part. prés.
Qu'ieu no suy ges dels fals drutz debatens.
Elias de Barjols: Pus la belha.
Que je ne suis point des faux galants querellants.
ANC. FR. Debat son pis, deront ses dras...
Son vis à ses ongles depièce.
Fabl. et cont. anc., t. III, p. 126.
CAT. Debatrer. ESP. Debatir. PORT. Debater. IT. Dibattere.
24. Debat, s. m., débat, querelle.
Aian a cognoisser lurs differensias et debats.
Statuts de Provence. BOMY, p. 74.
Ils aient à connaître leurs différends et débats.
Tensos es contrastz o debatz en loqual cascus mante e razona alcun dig o alcun fag. Leys d'amors, fol. 40.
La tenson est un contraste ou débat dans lequel chacun maintient et raisonne aucun dit ou aucun fait.
So que es de debat entre lor.
Tit. du XIVe siècle. DOAT, t. VIII, fol. 217.
Ce qui est de débat entre eux.
CAT. Debat. ESP. PORT. Debate. IT. Dibatto.
25. Embatre, v., battre, attaquer, élancer.
No s'auzara embatre te, que pessaria esser vencutz per te; e si tu t'en fuges una vetz ab lhuy, o tu t'embates sobre lui, e non es forssa encontra lhuy, e tu es vencutz, el ti mesprezara.
Liv. de Sydrac, fol. 107.
Il ne s'osera t'attaquer, parce qu'il penserait être vaincu par toi; et si tu t'enfuis une fois de lui, ou tu t'élances sur lui, et n'est pas la force contre
lui, et tu es vaincu, il te méprisera.
Part. pas.
S'es per forsa embatutz, iratz, ples de felnia.
Guillaume de Tudela.
Il s'est battu par force, triste, plein de chagrin.
Cant auzel es enbatut. Deudes de Prades, Auz. cass.
Quand l'oiseau est abattu.
ANC. FR. N'i porriez les denz embatre,
Et vos briseriez les denz.
Si se sont sur lui embatu
Là où gisoit estendu.
Roman du Renart, t. II, p. 259; et t. 1, p. 258. 
ANC. ESP. Embatir (batir, atacar). IT. Imbattere.
26. Esbatre, v., ébattre, battre.
Be m fora toz mos pans cuich,
Si m volgues esbatre.
Guillaume de la Tour: Una.
Tout mon pain me serait bien cuit, si je me voulusse ébattre.
Cant una ostz ve contra l'autra, si s'y deu l'una esbatre contra l'autra.
Liv. de Sydrac, fol. 60.
Quand une armée vient contre l'autre, si l'une s'y doit élancer contre l'autre.
IT. Sbattere.
27. Rebatre, v., rabattre.
Part. pr. Rebatent a quadaun las quantitats.
Reg. des États de Provence de 1401.
Rabattant à chacun les quantités.
Part. pas. Esser rebatut de vostra recepta.
Tit. de 1418. DOAT, t. CXLV, fol. 206.
Être rabattu de votre recette.
IT. Sbattere.
28. Rabatamen, s. m., rabattement.
Tant en rabatamens de mon talh coma en assignations.
Tit. de 1433. Hist. de Nîmes, t. III, pr., p. 242.
Tant en rabattement de ma taille qu'en assignations.
29. Rebatement, s. m., rebattement.
La repercussio, rebatement o reflexio del rach retornant.
Eluc. de las propr., fol. 136. (N. E. Atentos a cómo se escribía rayo en romance occitano: rach, con ch. En chapurriau, rach es un chorret, de oli, y rayo o rellámpec de electrissidat.) 
La répercussion, le rebattement ou réflexion du rayon qui retourne.
ESP. Rebatimiento. PORT. Rebatimento.

Batta, s. f., buisson.
Erisso a tal natura, que se met en las grans battas et en las grans rodas d'espinas que no 'l puesca homs penre. Naturas d'alcunas bestias.
Le hérisson a telle nature, qu'il se met dans les grands buissons et dans les grandes touffes d'épines de manière qu'on ne le puisse prendre.

Bauc, s. m., coffre, bahut.
De mos efans paucz
Volra cascus la cura
Per garnir los baucz
De la sobre mezura.
Leys d'amors, fol. 29.
Chacun voudra la curatelle de mes petits enfants pour garnir les coffres avec le surplus.
CAT. ESP. (baúl) PORT. Baul. IT. Baule.
Baudrat, s. m., baudrier, ceinturon.
Floripar pres Rollan per lo notz del baudrat.
Car el l'a tot fendut entro jos al baudratz.
Roman de Fierabras, v. 2614 et 3160.
Floripar prit Roland par le noeud du baudrier.
Car il l'a tout fendu jusques au baudrier.
ANC. FR. Et baudrez et fallois moult beaux.
Le Dit d'un mercier, p. 154.
PORT. Boldrié. IT. Budriere.

Bauduc, Bautuc, s. m., dispute, confusion, mélange.
Auziriatz nauzas e bauducx.
Marcabrus: Al departir.
Vous entendriez noises et disputes.
A legistas vey far gran fallimen,
E corr' entr' els grans bautucx e bauzia.
Pons de la Garde: D'un sirventes.
Aux légistes je vois faire grande faute, et courir entre eux grandes disputes et tromperie.
Ieu tenherai ab grana et alun, ses tot autre bautuc.
Cartulaire de Montpellier, fol. 117.
Je teindrai avec écarlate et alun, sans tout autre mélange.
Adj. Don los clam flacx e bauducx,
Ieu e tug l' autre soudadier.
Marcabrus: Al departir.
D'où je les appelle lâches et querelleurs, moi et tous les autres compagnons.
2. Bautugar, v., troubler, profaner.
Et an de l'eregia bautugat la cieutat.
V. de S. Honorat.
Et ont troublé la cité par l'hérésie.
Part. pas. Escondam las reliquias que non sian bautugadas.
V. de S. Honorat. Passio.
Cachons les reliques afin qu'elles ne soient pas profanées.
ESP. Bazucar.

Bausan, s. m., bauçant, sorte de cheval.
Bausans fon chavals ferrans e bais,
De miehtz arabitz, de mietz morais.
Folques dissen a pe denan Karlo;
Presenta lhi bausa lo barsalo.
Roman de Gerard de Rossillon, fol. 96 et 106.
Bauçant fut un cheval ferrant et gris, moitié arabe, moitié maure.
Foulques descend à pied devant Charles; il lui présente bauçant le barcelonais.
Adj. Uns escudiers aducis denan
A Jaufre un caval bausan.
Roman de Jaufre, fol. 6.
Un écuyer amène devant Jaufre un cheval bauçant.
ANC. FR. Orghilleus sist sour un beauçant
Ki honist, grate, fiert et mort.
Roman du Renart, t. IV, p. 147.
- S. m., étendard des templiers, beauceant.
Preiro baniera... lo bausa.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 151.
Ils prirent pour bannière... le beauceant.

Bautz, adj., hardi, fier, joyeux, gai.
Jornandès, dans son Histoire des Goths, dit que baltha signifie dans leur
langue audax.
El noves es En Raimbautz, (N. E. variantes: Raembautz, Rambautz, &c.)
Que s fai, per son trobar, trop bautz.
Pierre d'Auvergne: Chantarai.
Le neuvième est le seigneur Raimbaud, qui, à cause de son trouver, se fait trop fier.
… Visquera tota sazos
Alegres e bautz e joios.
Arnaud de Marueil (N. E. leo alguna vez Mareuil, conservo Marueil): Dona sel que. 
… Je vivrais en toute saison allègre, gai et joyeux.
ANC. FR. Lors queilli si grant orgueill et si grant arogance que trop estoit baude et hardie, selon la coustume de tel fame, à faire engrestiés et felonnies. Rec. des Hist. de Fr., t. III, p. 208.
Ains vueill qu'el me truit bault
Sans guiller et sans mentir.
Le Roi de Navarre, chans. 26.
Gai et joyeux et liez et bauz.
Roman du Renart, t. 1, p. 35.
ANC. CAT. Bald. IT. Baldo.
2. Baudos, adj., joyeux, réjoui.
Bos sabers joyos
Me fay e baudos.
Qu'ieu mon cor non haia baudos,
Alegre, mot gay e joyos.
Leys d'amors, fol. 123 et 124.
Bon savoir me fait joyeux et réjoui.
Que je n'aie pas mon coeur réjoui, alerte, très gai et joyeux.
3. Bauzor, Baudor, s. f., joie, allégresse.
E play mi quant aug la bauzor
Dels auzels que fan retentir
Lor chant per lo boscatge.
Bertrand de Born: Be m play.
Et me plaît quand j'entends l' allégresse des oiseaux qui font retentir leur chant par le bocage.
Don menan gran baudor per tota la ciutat.
V. de S. Honorat.
Dont ils mènent grande allégresse par toute la cité.
ANC. FR. Il a perdu joie e baudor...
Quinze jors va à grant baudor.
Roman du Renart, t. I, p. 297, et t. II, p. 108.
Dans les Annales du Hainaut, par Jacques de Guyse, t. IV, p. 376, on
lit qu'après la prise de Nervie, César offrit des sacrifices aux dieux dans un lieu: “Unde usque in hodiernum diem, locus ille ab eventu rei, lingua romana baudour, id est gaudium deorum, ab incolis nuncupatur.”
IT. Baldore. (N. E. gaudium : gaug : goig, goch; gau : bau + deor : dour → baudour, baudor, bauzor.)
4. Baudeza, s. f., hardiesse, confiance. (N. E. bravus, brave)
Per la gran baudeza qu'el avia, car li Campanes avian ad el promes que no ill serian a l'encontra.
V. de Bertrand de Born.
Par la grande confiance qu'il avait, car les Champenois lui avaient promis qu'ils ne lui seraient pas à l'encontre.
(N. E. Campanes, Champenois : Champagne, Champaña, Campaniae.)
Det li baudeza de trobar e de cantar d'ella.
V. d'Arnaud de Marueil.
Lui donna hardiesse de trouver et de chanter d'elle.
IT. Baldeza.
5. Esbaldir, Esbaudir, v., réjouir, égayer.
… I messatge qu'els a fait esbaldir.
Guillaume de Tudela.
Un message qui les a fait réjouir.
Me vuelh en cantan esbaudir.
B. de Ventadour: En aquest.
Je me veux égayer en chantant.
ANC. FR. Me feit mon cuer esbaudir.
Le Roi de Navarre, chans. 20.
Au lieu de les esbaudir, je les offense.
Rabelais, liv. III. Prol.
6. Esbaudimen, s. m., gaîté, joie, allégresse.
Mout chantera de joi e voluntiers
En leu sonet, per dar m' esbaudimen.
Lamberti de Bonarel: Al cor.
Je chanterais de joie beaucoup et volontiers en un léger sonnet, pour me donner gaîté.
Ni per reverdir de prada
Ni per nuill autre esbaudimen
Non chan ni non fui chantaire.
Rambaud d'Orange: Non chant per.
Ni pour le reverdir de prairie ni pour nulle autre allégresse, je ne chante ni ne fus chanteur.
ANC. FR. Les legieretés et esbaudissemens des jeunes nobles hommes.
Œuvres d'Alain Chartier, p. 434.
La grand voix et esbaudissement que faisoient ceux qui venoient.
Monstrelet, t. 1, fol. 85.
7. Esbaudeiar, v., réjouir.
Lo rossinholet salvatge
Ai auzit que s'esbaudeia.
G. Faidit: Lo rossinholet.
J'ai ouï le rossignol sauvage qui se réjouit.

Bauzar, v., tromper.
Tu li diras que s'ar no ill vaill ab bran,
Il valrai tost, si 'ls reis no m van bauzan.
Bertrand de Born: Ara sui en.
Tu lui diras que si maintenant je ne lui aide avec glaive, je lui aiderai bientôt, si les rois ne me vont pas trompant.
M'an bauzat ni mes a lur dan.
Rambaud de Vaqueiras: Ges sitot.
Ils m'ont trompé et mis à leur dommage.
T'i bauzas e perdes dobla beneicio.
Trad. de Bède, fol. 46.
Tu t'y trompes et perds double bénédiction.
Part. pas. substantiv. Bauzadors e bauzats
Valor menan derreira.
B. Sicard de Marjevols: Ab greu.
Trompeurs et trompés mènent mérite derrière.
ANC. FR.
Qui moult parsont dolent que la serve les boise.
Roman de Berte, p. 88.
Vous jurerez...
Que Ysengrin n'avez boisié.
Roman du Renart, t. I, p. 339.
Mort fait dire à toz les boisiés.
Hélinand, Vers sur la Mort.
ANC. CAT. ESP. Embaucar.
2. Bauzia, Bauza, s. f., tromperie, fausseté.
Car res no i truep mas enjan e bauzia.
B. de Ventadour: En amor truep.
Car je n'y trouve rien que tromperie et fausseté.
Gardatz s'es be falsa bauza.
G. Olivier d'Arles, Coblas triadas.
Voyez si c'est bien fausse tromperie.
Adv. comp.
Que saubessetz qu'ieu vos am ses bauzia.
Le moine de Montaudon: Aissi com sel.
Que vous sussiez que je vous aime sans tromperie.
ANC. FR. Poi sont de fames sans boidie.
Roman du Renart, t. II, p. 200.
Qui pas ne te delites en la boisdie des mauvais.
Rec. des Hist. de Fr., t. III, p. 252.
Sans nulle souspicion de fraude ni de boidie.
Ord. des R. de Fr., 1256, t. 1, p. 81.
ANC. CAT. Bausia.
3. Bauzaire, Bauzador, s. m., trompeur.
Ni lauzengiers no lo y puescon retraire
Qu'ieu li sia de ren fals e bauzaire.
Arnaud de Marueil: En mon cor.
Et médisants ne lui peuvent rapporter que je lui sois en rien faux et trompeur.
Del bauzador
Que m'a soven mes en error.
Los VII Gaugz de la maire.
Du trompeur qui m'a souvent mis en erreur.
Adject. Cor trichador
Ni bauzador.
A. Daniel: Chanzon d'un.
Coeur tricheur et trompeur.
ANC. FR. N'iert ja mes cuers boisières ni faintis.
Andrius Contradis: Quant voi paroir.
Autresi vet des tenchéeurs,
Des lairons è des boiséeurs.
Marie de France, t. II, p. 197.
ANC. CAT. Bausador. ANC. ESP. Bauzador. ESP. MOD. Embaucador.
4. Baussan, adj. v., trompeur.
Que lairo cossilha
Ab sa messonja baussana.
Marcabrus: Al mes quan.
Que larron conseille avec son mensonge trompeur.
5. Bausios, adj., trompeur, faux.
Garda d'hom qu'es bausios.
Libre de Senequa.
Garde-toi d'homme qui est trompeur.
Que non ha la lengua dobla ni bauziosa.
Trad. de la règle de S. Benoît, fol. 2.
Qui n'a la langue double ni trompeuse.

Bavar, v., baver.
Voyez Muratori, Diss. 33.
Semblan lo masti que laira e bava, e mort totz aquels que pot.
V. et Vert., 2e version.
Ils ressemblent au mâtin qui aboie et bave, et mord tous ceux qu'il peut.
CAT. Babar. ESP. Babear (de baba). PORT. Babar. IT. Far bava.
(chap. babá o babejá: babejo, babejes, babeje, babejem o babejam, babejéu o babejáu, babejen. Cuan erem chiquets, mon germá Ángel y yo jugabem a “te babaré”, ell té 2 añs menos que yo, pero teníe mes forsa, me guañabe y me babejabe. No me babos, no me babejos.)
2. Bavec, Bavet, adj., bavard, caqueteur, babillard.
E a n'i pro d'aitals secx, pecx,
Outracuiatz, travers, bavecx.
Deudes de Prades, Auz. cass. 
Et il y en a assez de tels aveugles, niais, suffisants, contrariants, babillards.
E meti sels en bavec
De nessia gen baveca,
Que tornon dos en amar.
Gavaudan le Vieux: Lo vers deg.
Et je mets en caquetage ceux de niaise gent bavarde, qui tournent doux en amer.
ANC. FR. Et que plus n'en soit curieuse,
Sur peine de cent mars d'argent,
Ceste rusée, ceste baveuse.
Coquillart, p. 78.
C'est un causeur, un baveux, un menteur.
Salel, trad. de l'Iliade, fol. 93.
De moi n'aura mensonger ne baveur
Bien ne faveur.
C. Marot, t. IV, p. 308.
D'ung tas de folles baveresses.
Coquillart, p. 37.
- Substantiv., babillage, caquetage, bavardage.
Quar peza 'l folia may
Qu'el balansa el dreg bavec.
Bernard de Venzenac: Bel m'es lo.
Car la folie lui pèse davantage, vu que le vrai bavardage l'agite.
Senher, Na Eva trespasset
Lo mandamen que tenia,
Et qui de vos me castia
Aitant se muza en bavet.
Gavaudan le Vieux: L'autre dia.
Seigneur, dame Ève dépassa le commandement qu'elle tenait, et qui de vous me reprend muse autant en bavardage.
ANC. FR. J'ay bien ouy tout son tripot
Et ses baves.
Coquillart, p. 89.
Meintes baves, meinte promesse ont fait.
Légende de Faitfeu, p. 98.
En disant mainte bonne bave.
Les Repues franches, p. 5.
ANC. ESP.
Mas pora mi non era tan fiera bavequia. 
Poema de Alexandro, cop. 655.

Bavastel, s. m., marionnette, mannequin.
Cimils ni bavastels. G. Riquier: Pus Dieu.
Singes et marionnettes.
E paucx pomels
Ab dos cotels
Sapchas gitar e retenir,
E chans d'auzels
E bavastels.
Giraud de Calanson: Fadet joglar.
Et sache jeter et retenir petites pommes avec deux couteaux, et chants d'oiseaux et tours de marionnettes.
Dels cavalliers semblaz del bavastel,
Quant el caval etz poiaz ab l'arnes.
P. Bremond Ricas Novas: Tant fort.
Vous ressemblez au mannequin des chevaliers, quand vous êtes monté à cheval avec l'équipement.

Baza, s. f., lat. basis, base.
Abis, per so quar es ses baza et fons.
Un angle pyramidal et agut qui termina a la pupilla... et la baza es la causa vista.
Eluc. de las propr., fol. 152 et 15.
Abîme, parce qu'il est sans base et fond.
Un angle pyramidal et aigu qui termine à la prunelle... et la base est la chose vue.
CAT. Basa. ESP. Basa, base. PORT. Base. IT. Basa, base.


Bazilica, s. f., lat. basilica, basilique.
En la bazilica de San Peire.
Cat. dels apost. de Roma, fol. 60.
En la basilique de Saint-Pierre.
Aquest emperaire fetz atreci la bazilica de Santz-Laurens.
Eluc. de las propr., fol. 37.
Cet empereur fit aussi la basilique de Saint Laurent.
CAT. ESP. (basílica) PORT. IT. Basilica.

Bazilica, s. f., basilique, gentiane, plante.
Gensana... autrament es dita bazilica.
Eluc. de las propr., fol. 211.
La gentiane... autrement est appelée basilique.


Gensana... autrament es dita bazilica.


(N. E. Otra planta es el Basilikum: albahaca : aufádega, alfábrega.)

Lexique roman; Azar - Azur

Azar, s. m., hasard.

Voyez Mayans, t. II, p. 244; Denina, t. III, p. 42, etc.

Les étymologies de ce mot, indiquées jusqu'à présent, laissent beaucoup à désirer. Voici une nouvelle conjecture.

Dans la langue suevo-gothique, AS signifiait Dieu.

Les peuples du Nord avaient cette formule de serment:

So hielpi mier hin belge AS Freyer et Niord.

Ita me juvet sanctus as Freyer et Niord.

Le pluriel d' AS était ASAR.

Ihre, Gloss. suio-gothic, t. 1, col. 112.

Chez les Goths, ASAR signifiait donc les dieux, fatum, etc.

Anc nulhs azars, ab datz galiadors,

Ni lunhs poder, no saup tan d'aver traire.

Gavaudan le Vieux: Ieu no soi.

Jamais aucun hasard, avec des dés trompeurs, ni aucun pouvoir, ne sut tirer tant de richesses.

Que no s tanh jocx d' azar

Mas ad home avar.

Arnaud de Marsan: Qui comte.

Vu que jeu de hasard ne convient qu'à homme avare.

Loc. Totz los bes de son senhor que li eron donatz per gazanhar e per multiplicar, ha despendutz e porregitatz e mes ad un azar.

V. et Vert., fol. 67.

Tous les biens de son seigneur qui lui étaient donnés pour profiter et pour multiplier, il les a dépensés et dissipés et mis à un hasard.

CAT. ESP. PORT. Azar. IT. Azzardo.


Azaura, s. f., tartane, barque sarrasine.

Qui apparelhan azauras e gallias e naus.

Cant per la proa pres l' azaura.

V. de S. Honorat.

Qui apprêtent tartanes et galéaces et navires.

Quand il prit la tartane par la proue.


Azaut, s. m., grâce, agrément, plaisir.

Donc val mais azautz que beutatz.

Guillaume de Berguedan: Mais volgra.

Donc grâce vaut mieux que beauté.

Qu'ieu fora pro ricx e de bon azaut,

Sol de s'amor pogues issir allutz.

Rambaud de Vaqueiras: D'amor no m.

Que je fusse assez riche et de bon contentement, seulement que je pusse sortir à fin de son amour.

2. Azautimens, Adzautimens, s. m., agrément, plaisir.

E fai far grans azautimens...

Car noble cor aver solian

E far proezas, don venian

Adzautimens e joy e pretz.

P. Vidal: Abril issic.

Et fait faire grands agréments... Car ils avaient coutume d'avoir coeur noble et de faire prouesses, d'où venaient plaisir et joie et distinction.

3. Azauteza, s. f, gracieuseté, politesse, bijou.

Denan faitz azauteza.

Amanieu des Escas: En aquel mes.

Avant faites politesse.

Si vezetz azauteza

Que us fassa cobezeza

Entre mas ad autruy,

Non la prendatz de lui.

Arnaud de Marsan: Qui comte.

Si vous voyez entre les mains d'un autre, bijou qui vous fasse envie,

ne le prenez pas de lui.

4. Azautia, s. f., gracieuseté, gentillesse.

Per savi 'l ten de sen e d' azautia.

Leys d'amors, fol. 38.

Je le tiens pour sage de sens et de gracieuseté.

Mantel portec gent folrat d' azautia.

Palaytz de Savieza.

Il porta un manteau agréablement fourré de gentillesse.

5. Azaut, adj., gracieux, agréable, élevé, convenable.

E 'l bel cors blanc e le...

E 'l plus azaut qu'om ve

E 'l miels afaisonat.

Berenger de Palasol: Ab la fresca.

Et le beau corps blanc et lisse... Et le plus agréable qu'on voit, et le mieux façonné.

Quan vic l'abbat am tan asauta compagnha... hac gran gaug.

Philomena.

Quand il vit l'abbé avec si gracieuse compagnie... il eut grande joie.

Ni sai belhs digz ni azauts mots triar.

R. Gaucelm: Un sirventes.

Et je sais choisir beaux dits et mots agréables.

Muscles azautz e cais agutz.

Deudes de Prades, Auz. cass.

Muscles convenables et mâchoires aiguës.

Adv. Mut sun servit ricament, 

Azaut e acermadament.

Roman de Jaufre, fol. 110.

Sont servis très richement, agréablement et élégamment.

6. Azautet, Adautet, adj.., gentillet, gracieuset.

Ver diminutiu son azaut, azautet.

Coma gentet, adautet.

Leys d'amors, fol. 69 et 10.

Les vrais diminutifs sont gentil, gentillet.

Comme gentillet, gracieuset.

Adv. E batetz lo mout azautet.

Deudes de Prades, Auz. cass.

Et battez-le très doucement.

7. Azautar, v., charmer, plaire, accommoder.

Toza, mot m'agrada

Quar vos ai trobada,

Si us puesc azautar.

G. Riquier: L'autre jorn.

Fillette, il me plaît beaucoup de ce que je vous ai trouvée, si je vous puis plaire.

Anc lauzengier non vos poc azautar.

Rambaud de Vaqueiras: Honratz marques.

Jamais flatteur ne put vous plaire.

Ni no m' azaut de trop guabar,

Ni de companha d' avol gen.

Pistoleta: Manta gen.

Et je ne m'accommode pas de trop plaisanter, ni de la compagnie de méchantes gens.

Per c'om no us vei qui no s' azaut de vos.

Arnaud de Marueil: Aissi col peis.

Parce qu'homme ne vous voit qui ne se charme de vous.

Part. pas.

Sapchatz de lieys me sui mout asautat.

Albertet: E mon cor.

Sachez que je me suis beaucoup charmé d'elle.

Asauta s mais de perdonar

Totz temps que de sobreira far.

Roman de Jaufre, fol. 75.

S'accommode plus de pardonner en tous temps que de faire fierté.

8. Adzautir, v., embellir.

Car so c'om plus ne ve

Devetz mais adzautir.

Amanieu des Escas: En aquel mes.

Car ce qu'on en voit le plus vous devez l' embellir davantage.

9. Desazautar, v., chagriner, déplaire.

Joglars, perque m desazaut

Ma dompna, e vos mi faitz baut?

Rambaud d'Orange: Ben s'eschai.

Jongleur, pourquoi ma dame me chagrine-t-elle, et vous, me faites-vous orgueilleux?

10. Malazaut, adj., déplaisant, maussade.

Qu'homs malazautz, sitot s'es pros,

Non es gair' ad ops d'amar.

Raimond de Miraval: Dels quatre.

Qu'un homme maussade, quoiqu'il soit preux, n'est guère bon à l'oeuvre d'aimer.

Porton malazautz arneys.

Cadenet: A tals cum.

Portent déplaisants harnois.


Azempriu, Adempriu, s. m., usage, droits, priviléges.

Les droits désignés par ce nom existaient à la fois en faveur d'un seigneur à l'égard des habitants d'un lieu, et en faveur des habitants envers un seigneur.

Aigas e casius et esplechius et azemprius.

Tit. de 1244. Arch. du Roy., J, 4.

Eaux et chasse et pâturages et usages.

De lor onor o de lor adempriu.

Tit. de 1191. Arch. du Roy., J, 323.

De leur fief ou de leur droit.

Un titre offre plusieurs détails sur l' azempriu en faveur des habitants.

Penre fustas, lenhas el bosc; quant sya aglan, las gens de Cussac, per cascun parelh, marit et molher, y podon metre un parelh de porcs, et lo remanent es a vendre al senhor.

Tit. de 1410. DOAT, t. CLVIII, fol. 306.

Prendre fustes, bois à la forêt; quand est le gland, les gens de Cussac, par chaque couple, mari et femme, y peuvent mettre une paire de porcs, et le restant est à vendre par le seigneur.

ANC. FR. Jamais ne furent contraints payer aucuns impôts, toltes, quistes ou adempres.

J. de Nostradamus, V. des Poèt. prov., n. 104.


Azima, adj., lat. azymus, azime.

Farina o pasta ses levain es dita azima.

Eluc. de las propr., fol. 209.

Farine ou pâte sans levain est dite azime.

ESP. Azymo (pan ácimo). PORT. Azimo. IT. Azzimo.

2. Ayme, adj., azime.

Et era la pascha dels Juzieus e lur pan ayme.

Trad. du N. Test. Marc, c. 14.

Et c'était la pâque des Juifs et leur pain azime.


Aziman, Ayman, Ariman, s. m., lat. adamans, aimant.

Qu'eissamens com l' azimans

Tira 'l fer e 'l fai levar.

Folquet de Marseille: Si cum selh.

Que de même que l' aimant tire le fer et le fait lever.

Ayschi cum fer siec aziman, la mar siec la luna.

Eluc. de las propr., fol. 153.

Comme le fer suit l'aimant, la mer suit la lune.

Aissi quo 'l ferr la peira d' ariman,

Tira ves si fin' amors solamen.

B. de Ventadour: Per ensenhar.

L'amour pur attire vers soi seulement, comme la pierre d'aimant le fer.

CAT. ESP. (Imán) PORT. Iman.

2. Adamas, s. m., aimant.

A semblant que la peyra adamas atyra 'l ferr.

Eluc. de las propr., fol. 116.

De même que la pierre aimant attire le fer.

Dans la basse latinité adamas a signifié aimant.

Adamanti lapidi comparatur, cujus natura talis est ut ipsum etiam ferrum ad se subtrahat. Acta SS., april., t. 1, p. 19.


Azir, Azire, s. m., haine, violence, impétuosité.

Ar es tornatz lo segl' en tal azire,

Que quecx pessa de son par a trazir.

P. Cardinal: Tot atressi.

Maintenant le siècle est tourné en telle violence, que chacun pense de trahir son pareil.

E si m metetz en azir,

Tem que totz lo mon m' azire.

E. de Barjols: Car comprei.

Et si vous me mettez en haine, je crains que tout le monde me haïsse.

ANC. FR. Moult ot li serpens grant aïr...

Puis l'a enpaint de tel aïr,

C'à la terre le fist caïr.

Roman du comte de Poitiers, v. 743 et 1173.

Le géant assena par tel ayr sur la teste, que oncques la coëffe ne le peut garantir que la teste ne lui escartelat.

Hist. de Gerard de Nevers, p. 64.

2. Azirada, s. f., impétuosité, élan.

Can li comte los viro, per mot gran azirada,

Ab los brans del acier an la tor deslieurada.

Roman de Fierabras, v. 4419.

Quand les comtes les virent, par une très grande impétuosité, ils ont délivré la tour avec les épées d'acier.

3. Aziramen, Airamen, s. m., haine, courroux.

Tot jorn m' azire

Et ai aziramen.

B. Sicard de Marjevols: Ab gran cossir.

Tout le jour je me courrouce et j'ai courroux.

Aziramens de peccat.

Trad. de Bède, fol. 36.

Haine de péché.

Car cors qu'es ples d' airamen

Fai ben falhir boca soven.

P. Vidal: Amors pres sui.

Car coeur qui est plein de haine fait bien souvent faillir la bouche.

4. Aziros, adj., colère, irrité, emporté.

Mas vos cuiatz qu'eu sia aziros,

Qu'aissi del tot non vos o dic de ver.

P. de Barjac: Tot francamen.

Mais vous pensez que je sois irrité, qu'ainsi nullement je ne vous le dis de vrai.

E pauc ama qui non es aziros.

B. de Ventadour: Belhs Monruelhs.

Et qui n'est emporté aime peu.

E sempr' estauc marritz e aziros.

P. Vidal: Aissi m'ave.

Et je suis toujours triste et colère.

5. Azirar, v., haïr, irriter, courroucer.

So qu'ilh vol mal azir.

Pons de Capdueil: Si totz los.

Je hais ce à quoi elle veut mal.

Senher, datz nos tal saber

Qu'el mon azirem per vos.

G. Riquier: Vertatz.

Seigneur, donnez-nous tel savoir que pour vous nous haïssions le monde.

Ren per autrui no l' aus mandar,

Tal paor ai qu'ades s' azir.

Le Comte de Poitiers: Mout jauzens.

Je ne lui ose rien mander par autrui, telle peur j'ai qu'elle ne se courrouce incessamment.

Vas Nems t'en vai, chansos, qui que s n'azire.

Folquet de Marseille: Tan m'abellis.

Chanson, va-t'en vers Nîmes, qui que s'en courrouce.

Part. pas. Aissi es joys aziratz.

G. Riquier: Aissi pert poder.

Ainsi joie est haïe.


Azome, s. m., azome.

Bagas de cabra que hom dis azome.

Deudes de Prades, Auz. cass.

Crotins de chèvre qu'on appelle azome.


Azur, s. m., azur.

Cel qu' entorn nos es et es de color d'azur.

Liv. de Sydrac, fol. 52.

Le ciel qui est autour de nous et est de couleur d'azur.

Azur melhor es on may ha color de cel.

Eluc. de las propr., fol. 194.

L'azur est meilleur plus il a couleur de ciel.

Escut d'aur e d'azur escartelat.

Roman de Gerard de Rossillon, fol. 52.

Écu écartelé d'or et d'azur.

ANC. CAT. (mod. blau) ESP. PORT. Azul. IT. Azzurro.

Lexique roman; Azar - Azur

Azar, s. m., hasard.

Voyez Mayans, t. II, p. 244; Denina, t. III, p. 42, etc.

Les étymologies de ce mot, indiquées jusqu'à présent, laissent beaucoup à désirer. Voici une nouvelle conjecture.

Dans la langue suevo-gothique, AS signifiait Dieu.

Les peuples du Nord avaient cette formule de serment:

So hielpi mier hin belge AS Freyer et Niord.

Ita me juvet sanctus as Freyer et Niord.

Le pluriel d' AS était ASAR.

Ihre, Gloss. suio-gothic, t. 1, col. 112.

Chez les Goths, ASAR signifiait donc les dieux, fatum, etc.

Anc nulhs azars, ab datz galiadors,

Ni lunhs poder, no saup tan d'aver traire.

Gavaudan le Vieux: Ieu no soi.

Jamais aucun hasard, avec des dés trompeurs, ni aucun pouvoir, ne sut tirer tant de richesses.

Que no s tanh jocx d' azar

Mas ad home avar.

Arnaud de Marsan: Qui comte.

Vu que jeu de hasard ne convient qu'à homme avare.

Loc. Totz los bes de son senhor que li eron donatz per gazanhar e per multiplicar, ha despendutz e porregitatz e mes ad un azar.

V. et Vert., fol. 67.

Tous les biens de son seigneur qui lui étaient donnés pour profiter et pour multiplier, il les a dépensés et dissipés et mis à un hasard.

CAT. ESP. PORT. Azar. IT. Azzardo.


Azaura, s. f., tartane, barque sarrasine.

Qui apparelhan azauras e gallias e naus.

Cant per la proa pres l' azaura.

V. de S. Honorat.

Qui apprêtent tartanes et galéaces et navires.

Quand il prit la tartane par la proue.


Azaut, s. m., grâce, agrément, plaisir.

Donc val mais azautz que beutatz.

Guillaume de Berguedan: Mais volgra.

Donc grâce vaut mieux que beauté.

Qu'ieu fora pro ricx e de bon azaut,

Sol de s'amor pogues issir allutz.

Rambaud de Vaqueiras: D'amor no m.

Que je fusse assez riche et de bon contentement, seulement que je pusse sortir à fin de son amour.

2. Azautimens, Adzautimens, s. m., agrément, plaisir.

E fai far grans azautimens...

Car noble cor aver solian

E far proezas, don venian

Adzautimens e joy e pretz.

P. Vidal: Abril issic.

Et fait faire grands agréments... Car ils avaient coutume d'avoir coeur noble et de faire prouesses, d'où venaient plaisir et joie et distinction.

3. Azauteza, s. f, gracieuseté, politesse, bijou.

Denan faitz azauteza.

Amanieu des Escas: En aquel mes.

Avant faites politesse.

Si vezetz azauteza

Que us fassa cobezeza

Entre mas ad autruy,

Non la prendatz de lui.

Arnaud de Marsan: Qui comte.

Si vous voyez entre les mains d'un autre, bijou qui vous fasse envie,

ne le prenez pas de lui.

4. Azautia, s. f., gracieuseté, gentillesse.

Per savi 'l ten de sen e d' azautia.

Leys d'amors, fol. 38.

Je le tiens pour sage de sens et de gracieuseté.

Mantel portec gent folrat d' azautia.

Palaytz de Savieza.

Il porta un manteau agréablement fourré de gentillesse.

5. Azaut, adj., gracieux, agréable, élevé, convenable.

E 'l bel cors blanc e le...

E 'l plus azaut qu'om ve

E 'l miels afaisonat.

Berenger de Palasol: Ab la fresca.

Et le beau corps blanc et lisse... Et le plus agréable qu'on voit, et le mieux façonné.

Quan vic l'abbat am tan asauta compagnha... hac gran gaug.

Philomena.

Quand il vit l'abbé avec si gracieuse compagnie... il eut grande joie.

Ni sai belhs digz ni azauts mots triar.

R. Gaucelm: Un sirventes.

Et je sais choisir beaux dits et mots agréables.

Muscles azautz e cais agutz.

Deudes de Prades, Auz. cass.

Muscles convenables et mâchoires aiguës.

Adv. Mut sun servit ricament, 

Azaut e acermadament.

Roman de Jaufre, fol. 110.

Sont servis très richement, agréablement et élégamment.

6. Azautet, Adautet, adj.., gentillet, gracieuset.

Ver diminutiu son azaut, azautet.

Coma gentet, adautet.

Leys d'amors, fol. 69 et 10.

Les vrais diminutifs sont gentil, gentillet.

Comme gentillet, gracieuset.

Adv. E batetz lo mout azautet.

Deudes de Prades, Auz. cass.

Et battez-le très doucement.

7. Azautar, v., charmer, plaire, accommoder.

Toza, mot m'agrada

Quar vos ai trobada,

Si us puesc azautar.

G. Riquier: L'autre jorn.

Fillette, il me plaît beaucoup de ce que je vous ai trouvée, si je vous puis plaire.

Anc lauzengier non vos poc azautar.

Rambaud de Vaqueiras: Honratz marques.

Jamais flatteur ne put vous plaire.

Ni no m' azaut de trop guabar,

Ni de companha d' avol gen.

Pistoleta: Manta gen.

Et je ne m'accommode pas de trop plaisanter, ni de la compagnie de méchantes gens.

Per c'om no us vei qui no s' azaut de vos.

Arnaud de Marueil: Aissi col peis.

Parce qu'homme ne vous voit qui ne se charme de vous.

Part. pas.

Sapchatz de lieys me sui mout asautat.

Albertet: E mon cor.

Sachez que je me suis beaucoup charmé d'elle.

Asauta s mais de perdonar

Totz temps que de sobreira far.

Roman de Jaufre, fol. 75.

S'accommode plus de pardonner en tous temps que de faire fierté.

8. Adzautir, v., embellir.

Car so c'om plus ne ve

Devetz mais adzautir.

Amanieu des Escas: En aquel mes.

Car ce qu'on en voit le plus vous devez l' embellir davantage.

9. Desazautar, v., chagriner, déplaire.

Joglars, perque m desazaut

Ma dompna, e vos mi faitz baut?

Rambaud d'Orange: Ben s'eschai.

Jongleur, pourquoi ma dame me chagrine-t-elle, et vous, me faites-vous orgueilleux?

10. Malazaut, adj., déplaisant, maussade.

Qu'homs malazautz, sitot s'es pros,

Non es gair' ad ops d'amar.

Raimond de Miraval: Dels quatre.

Qu'un homme maussade, quoiqu'il soit preux, n'est guère bon à l'oeuvre d'aimer.

Porton malazautz arneys.

Cadenet: A tals cum.

Portent déplaisants harnois.


Azempriu, Adempriu, s. m., usage, droits, priviléges.

Les droits désignés par ce nom existaient à la fois en faveur d'un seigneur à l'égard des habitants d'un lieu, et en faveur des habitants envers un seigneur.

Aigas e casius et esplechius et azemprius.

Tit. de 1244. Arch. du Roy., J, 4.

Eaux et chasse et pâturages et usages.

De lor onor o de lor adempriu.

Tit. de 1191. Arch. du Roy., J, 323.

De leur fief ou de leur droit.

Un titre offre plusieurs détails sur l' azempriu en faveur des habitants.

Penre fustas, lenhas el bosc; quant sya aglan, las gens de Cussac, per cascun parelh, marit et molher, y podon metre un parelh de porcs, et lo remanent es a vendre al senhor.

Tit. de 1410. DOAT, t. CLVIII, fol. 306.

Prendre fustes, bois à la forêt; quand est le gland, les gens de Cussac, par chaque couple, mari et femme, y peuvent mettre une paire de porcs, et le restant est à vendre par le seigneur.

ANC. FR. Jamais ne furent contraints payer aucuns impôts, toltes, quistes ou adempres.

J. de Nostradamus, V. des Poèt. prov., n. 104.


Azima, adj., lat. azymus, azime.

Farina o pasta ses levain es dita azima.

Eluc. de las propr., fol. 209.

Farine ou pâte sans levain est dite azime.

ESP. Azymo (pan ácimo). PORT. Azimo. IT. Azzimo.

2. Ayme, adj., azime.

Et era la pascha dels Juzieus e lur pan ayme.

Trad. du N. Test. Marc, c. 14.

Et c'était la pâque des Juifs et leur pain azime.


Aziman, Ayman, Ariman, s. m., lat. adamans, aimant.

Qu'eissamens com l' azimans

Tira 'l fer e 'l fai levar.

Folquet de Marseille: Si cum selh.

Que de même que l' aimant tire le fer et le fait lever.

Ayschi cum fer siec aziman, la mar siec la luna.

Eluc. de las propr., fol. 153.

Comme le fer suit l'aimant, la mer suit la lune.

Aissi quo 'l ferr la peira d' ariman,

Tira ves si fin' amors solamen.

B. de Ventadour: Per ensenhar.

L'amour pur attire vers soi seulement, comme la pierre d'aimant le fer.

CAT. ESP. (Imán) PORT. Iman.

2. Adamas, s. m., aimant.

A semblant que la peyra adamas atyra 'l ferr.

Eluc. de las propr., fol. 116.

De même que la pierre aimant attire le fer.

Dans la basse latinité adamas a signifié aimant.

Adamanti lapidi comparatur, cujus natura talis est ut ipsum etiam ferrum ad se subtrahat. Acta SS., april., t. 1, p. 19.


Azir, Azire, s. m., haine, violence, impétuosité.

Ar es tornatz lo segl' en tal azire,

Que quecx pessa de son par a trazir.

P. Cardinal: Tot atressi.

Maintenant le siècle est tourné en telle violence, que chacun pense de trahir son pareil.

E si m metetz en azir,

Tem que totz lo mon m' azire.

E. de Barjols: Car comprei.

Et si vous me mettez en haine, je crains que tout le monde me haïsse.

ANC. FR. Moult ot li serpens grant aïr...

Puis l'a enpaint de tel aïr,

C'à la terre le fist caïr.

Roman du comte de Poitiers, v. 743 et 1173.

Le géant assena par tel ayr sur la teste, que oncques la coëffe ne le peut garantir que la teste ne lui escartelat.

Hist. de Gerard de Nevers, p. 64.

2. Azirada, s. f., impétuosité, élan.

Can li comte los viro, per mot gran azirada,

Ab los brans del acier an la tor deslieurada.

Roman de Fierabras, v. 4419.

Quand les comtes les virent, par une très grande impétuosité, ils ont délivré la tour avec les épées d'acier.

3. Aziramen, Airamen, s. m., haine, courroux.

Tot jorn m' azire

Et ai aziramen.

B. Sicard de Marjevols: Ab gran cossir.

Tout le jour je me courrouce et j'ai courroux.

Aziramens de peccat.

Trad. de Bède, fol. 36.

Haine de péché.

Car cors qu'es ples d' airamen

Fai ben falhir boca soven.

P. Vidal: Amors pres sui.

Car coeur qui est plein de haine fait bien souvent faillir la bouche.

4. Aziros, adj., colère, irrité, emporté.

Mas vos cuiatz qu'eu sia aziros,

Qu'aissi del tot non vos o dic de ver.

P. de Barjac: Tot francamen.

Mais vous pensez que je sois irrité, qu'ainsi nullement je ne vous le dis de vrai.

E pauc ama qui non es aziros.

B. de Ventadour: Belhs Monruelhs.

Et qui n'est emporté aime peu.

E sempr' estauc marritz e aziros.

P. Vidal: Aissi m'ave.

Et je suis toujours triste et colère.

5. Azirar, v., haïr, irriter, courroucer.

So qu'ilh vol mal azir.

Pons de Capdueil: Si totz los.

Je hais ce à quoi elle veut mal.

Senher, datz nos tal saber

Qu'el mon azirem per vos.

G. Riquier: Vertatz.

Seigneur, donnez-nous tel savoir que pour vous nous haïssions le monde.

Ren per autrui no l' aus mandar,

Tal paor ai qu'ades s' azir.

Le Comte de Poitiers: Mout jauzens.

Je ne lui ose rien mander par autrui, telle peur j'ai qu'elle ne se courrouce incessamment.

Vas Nems t'en vai, chansos, qui que s n'azire.

Folquet de Marseille: Tan m'abellis.

Chanson, va-t'en vers Nîmes, qui que s'en courrouce.

Part. pas. Aissi es joys aziratz.

G. Riquier: Aissi pert poder.

Ainsi joie est haïe.


Azome, s. m., azome.

Bagas de cabra que hom dis azome.

Deudes de Prades, Auz. cass.

Crotins de chèvre qu'on appelle azome.


Azur, s. m., azur.

Cel qu' entorn nos es et es de color d'azur.

Liv. de Sydrac, fol. 52.

Le ciel qui est autour de nous et est de couleur d'azur.

Azur melhor es on may ha color de cel.

Eluc. de las propr., fol. 194.

L'azur est meilleur plus il a couleur de ciel.

Escut d'aur e d'azur escartelat.

Roman de Gerard de Rossillon, fol. 52.

Écu écartelé d'or et d'azur.

ANC. CAT. (mod. blau) ESP. PORT. Azul. IT. Azzurro.

miércoles, 3 de enero de 2024

Lexique roman; Aym - Ayzeiar

Aym, adj., le même, semblable.

Totas cosas son aymas. Lo Payre eternal.

Toutes choses sont semblables.

2. Enayma, adv., comme, ainsi.

Enayma fey Caym, lo primier filh de Adam.

Mot fo de nobla gent en aquela faczon,

Enayma fo David e lo rey Salomon.

La nobla Leyczon.

Comme fit Caïn, le premier fils d'Adam.

Il y eut beaucoup de gens de cette manière, ainsi fut David et le roi Salomon.

- Ensuite.

Enayma torna secca e sencza vigoria.

L' Avangeli de li quatre Semencz.

Ensuite elle devient sèche et sans vigueur.

Conj. Enayma tu conoises lor, fai lor conoiser tu.

Lo Payre eternal.

Ainsi que tu les connais, fais-leur connaître toi.


Ayse, s. m., tonneaux, vaisseaux propres à contenir le vin, l'huile et autres liquides. (chap. carretell per al vi; tinet per al oli.)

In uno grasali, vel broco, vel alia aysina recipietur aqua illa.

Tit. de 1352. Hist. de Nîmes, t. II, pr., p. 152.

Veiam los ayses de l'ostal;

E la donna li mostret pueys

Gan ren vaycels e huerris vueys.

V. de S. Honorat.

Voyons les vaisseaux de la maison; et la dame lui montra ensuite grand nombre de tonneaux et de greniers vides.


Aysha, s. f., souci, chagrin.

Non ha ayssa ni pensament, mena vita de segurtat.

Tremor, aysha, offuscament de razo.

De tota ayssha et pensament getar.

Eluc. de las propr., fol. 69, 90 et 81.

Il n'a souci ni pensement, mène vie de sécurité.

Crainte, chagrin, embarras de raison.

Tirer de tout souci et pensement.


Ayzeiar, v., vaguer, errer.

Quan peysho va ayzeian, si pert la maior partida dels uous, car no vaca a lur formacio.

Meravelhozament ama balenatz e 'ls mena ayzeian per mar.

Eluc. de las propr., fol. 154 et 156.

Quand le poisson va errant, la majeure partie des oeufs se perd, car il ne vaque pas à leur formation.

Elle aime merveilleusement ses baleineaux et les mène errant par mer.

Lexique roman; Aym - Ayzeiar

Aym, adj., le même, semblable.

Totas cosas son aymas. Lo Payre eternal.

Toutes choses sont semblables.

2. Enayma, adv., comme, ainsi.

Enayma fey Caym, lo primier filh de Adam.

Mot fo de nobla gent en aquela faczon,

Enayma fo David e lo rey Salomon.

La nobla Leyczon.

Comme fit Caïn, le premier fils d'Adam.

Il y eut beaucoup de gens de cette manière, ainsi fut David et le roi Salomon.

- Ensuite.

Enayma torna secca e sencza vigoria.

L' Avangeli de li quatre Semencz.

Ensuite elle devient sèche et sans vigueur.

Conj. Enayma tu conoises lor, fai lor conoiser tu.

Lo Payre eternal.

Ainsi que tu les connais, fais-leur connaître toi.


Ayse, s. m., tonneaux, vaisseaux propres à contenir le vin, l'huile et autres liquides. (chap. carretell per al vi; tinet per al oli.)

In uno grasali, vel broco, vel alia aysina recipietur aqua illa.

Tit. de 1352. Hist. de Nîmes, t. II, pr., p. 152.

Veiam los ayses de l'ostal;

E la donna li mostret pueys

Gan ren vaycels e huerris vueys.

V. de S. Honorat.

Voyons les vaisseaux de la maison; et la dame lui montra ensuite grand nombre de tonneaux et de greniers vides.


Aysha, s. f., souci, chagrin.

Non ha ayssa ni pensament, mena vita de segurtat.

Tremor, aysha, offuscament de razo.

De tota ayssha et pensament getar.

Eluc. de las propr., fol. 69, 90 et 81.

Il n'a souci ni pensement, mène vie de sécurité.

Crainte, chagrin, embarras de raison.

Tirer de tout souci et pensement.


Ayzeiar, v., vaguer, errer.

Quan peysho va ayzeian, si pert la maior partida dels uous, car no vaca a lur formacio.

Meravelhozament ama balenatz e 'ls mena ayzeian per mar.

Eluc. de las propr., fol. 154 et 156.

Quand le poisson va errant, la majeure partie des oeufs se perd, car il ne vaque pas à leur formation.

Elle aime merveilleusement ses baleineaux et les mène errant par mer.